Parlement européen : comment les groupes d'extrême droite se sont recomposés
Les anciennes formations d'extrême droite, notamment Identité et démocratie et les Conservateurs et réformistes européens, ont vu leurs cartes rebattues après les élections européennes de début juin.
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Plus nombreux, mais plus divisés. Organisées samedi 8 et dimanche 9 juin, les élections européennes ont permis à l'extrême droite de gagner du terrain dans l'Union européenne. Les partis ultra-conservateurs comme le Rassemblement national pour la France, PiS (Pologne), Fratelli d'Italia (Italie) ou encore AfD (Allemagne) ont, ensemble, gagné des sièges par rapport à la législature précédente. Des divisions sont toutefois apparues au fil de la campagne et se sont matérialisées avec la formation de trois groupes distincts dans l'hémicycle, contre deux groupes jusque-là. Dernier en date : le parti d'extrême droite allemand AfD a annoncé avoir formé, mercredi 10 juillet, un nouveau groupe baptisé "Europe des nations souveraines". Franceinfo fait le point sur les trois formations d'extrême droite au Parlement européen, quelques jours avant la première session plénière du 16 au 19 juillet à Strasbourg.
Le groupe Patriotes pour l'Europe
C'est un nouveau groupé, né après les élections européennes de juin. Les Patriotes pour l'Europe comptent 84 eurodéputés, issus notamment du Rassemblement national et du Fidesz du Premier ministre hongrois, Viktor Orban. C'est donc la troisième force du Parlement européen, derrière la droite pro-européenne (PPE) et les sociaux-démocrates (S&D). Le chef du parti français d'extrême droite, Jordan Bardella, en sera le président. Parmi ses six vice-présidents se trouve par ailleurs un profil très controversé : le général italien Roberto Vannacci, admirateur de Mussolini, suspendu de ses fonctions militaires en février après la publication d'un livre raciste et homophobe.
Les députés des Patriotes pour l'Europe sont de 12 nationalités, le RN représentant le plus fort contingent avec 30 élus, contre une dizaine pour le Fidesz. Viktor Orban avait dévoilé le 30 juin son intention de former ce groupe parlementaire, de concert avec le parti d'extrême droite autrichien FPÖ et le mouvement de l'ex-Premier ministre tchèque Andrej Babis. Le dirigeant nationaliste hongrois ambitionnait alors de faire entendre ses positions : contre le soutien militaire à l'Ukraine – Viktor Orban s'est récemment rendu à Moscou – contre "l'immigration illégale", pour la "famille traditionnelle". Les élus RN entrent ainsi dans un groupe "qui est très nettement plutôt anti-UE, plutôt pro-Poutine", résumait mardi sur franceinfo Erwan Lecœur, sociologue spécialiste de l'extrême droite.
Le Parti pour la liberté du Néerlandais Geert Wilders, le mouvement portugais Chega, l'espagnol Vox, le Parti populaire danois, le parti indépendantiste flamand Vlaams Belang l'ont rejoint, ainsi que deux petits partis grec et letton. La Ligue de l'Italien Matteo Salvini (huit élus), a également scellé lundi sa participation à la nouvelle alliance, selon lui "décisive pour changer l'avenir de l'Europe".
L'initiative a provoqué un tollé à Bruxelles, alors que la Hongrie occupe depuis le 1er juillet la présidence tournante de l'UE. "L'alliance des forces pro-Poutine et d'extrême droite est un cadeau à Moscou et vise à déstabiliser la démocratie européenne. Peut-être faudrait-il les appeler 'les Patriotes russes'", a dénoncé Terry Reintke, cheffe des eurodéputés Verts.
Le groupe Conservateurs et réformistes européens
Le groupe des Conservateurs et réformistes européens a été créé en 2009. Il comptait jusqu'alors 69 eurodéputés. Ils sont désormais 78. Parmi eux, les Fratelli d'Italia de la Première ministre d'extrême droite italienne, Giorgia Meloni. Y siègent aussi quatre Français : Marion Maréchal, Guillaume Peltier, Laurence Trochu et Nicolas Bay, tous élus sous l'étiquette Reconquête mais exclus du parti d'Eric Zemmour après les élections européennes.
Les positions du groupe sont plus atlantistes que celles des deux autres et c'est un fervent partisan du soutien militaire à l'Ukraine. Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2022, Giorgia Meloni a en effet cherché à se positionner comme la seule figure capable d'unir les droites européennes. Dans le même temps, pragmatique, elle a mis en sourdine son ancien euroscepticisme, soutenu l'Ukraine malgré une opinion publique divisée et collaboré avec la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, contribuant ainsi à rassurer ses interlocuteurs.
Son groupe ressort toutefois affaibli des élections européennes. Alors qu'elle espérait devenir la troisième force politique au Parlement et peser sur la répartition des postes clés dans l'UE, son allié de longue date Viktor Orban lui a volé la vedette avec son nouveau groupe. Et sa place au classement.
Le groupe Europe des nations souveraines
C'est la dernière création en date. Le parti d'extrême droite allemand AfD a annoncé avoir formé au Parlement européen un groupe baptisé Europe des nations souveraines. Il réunit 25 eurodéputés, selon le site du Parlement, venus de huit pays. Ses deux coprésidents sont René Aust, issu de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), et Stanislaw Tyszka, de l'extrême droite polonaise Konfederacja (Confédération). La création du groupe fait suite à l'exclusion de l'AfD du groupe Identité et démocratie (ID) lors de la précédente législature : ses députés avaient été poussés vers la sortie par le RN en raison de différents scandales (entre autres des soupçons de proximité avec la Chine et la Russie). Le groupe ID a par conséquent disparu, ses anciens membres ayant rejoint d'autres formations.
Selon un communiqué de René Aust, sur les 25 eurodéputés de l'Europe des nations souveraines, l'AfD forme le plus gros contingent, avec 14 élus. Ils siègeront avec trois élus du parti bulgare Wasraschdane et trois du parti polonais Konfederacja. Viennent ensuite un élu tchèque SPD, une Slovaque de Republika, une Lituanienne d'extrême droite, ainsi qu'un élu hongrois sans appartenance politique. Le groupe compte également une élue française : Sarah Knafo (Reconquête), proche d'Eric Zemmour, qui en est l'une des trois vice-présidents.
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