: Reportage Législatives 2022 : "Je n'ai pas à faire le beau, j'ai à être moi-même", dans le Doubs, le boulanger Stéphane Ravacley mène campagne
Connu pour avoir fait une grève de la faim afin d'empêcher l'expulsion de son apprenti guinéen, le boulanger Stéphane Ravacley est candidat Nupes aux législatives dans la deuxième circonscription du Doubs.
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À l'entrée de cette brocante à Devecey, au nord de Besançon, Stéphane Ravacley est posté avec ses soutiens pour une opération de tractage. Ici, tout le monde a au moins entendu parler de son histoire. "Je suis le boulanger qui a aidé son migrant et j'ai fait onze jours de grève de la faim au mois de janvier" lance-t-il. "Ah oui, OK !" lui répond un homme. "J'ai entendu parler de vous par le biais de ma sœur, renchérit une potentielle électrice. Et puis il y a mon petit neveu qui vous suit !" Ira-t-elle voter le 12 et le 19 juin, comme il le lui demande ? "Oui, oui ! De toutes façons, je vote tout le temps, il n'y a pas de soucis. Et je voterai pour vous, tiens !"
Boulanger à Besançon, Stéphane Ravacley s'était illustré en menant une grève de la faim pour la régularisation de son apprenti guinéen. Mineur isolé, il n'avait pas obtenu de titre de séjour à sa majorité. La situation du jeune homme avait finalement été régularisée par la préfecture de Haute-Saône. La grève de la faim du boulanger a été un élément déclencheur dans son engagement politique. "Pendant onze jours de grève de la faim, aucune administration n'est venue me voir. Il a fallu attendre le onzième jour pour qu'on me sonne."
"Ce silence administratif a fait de moi quelqu'un d'autre. Désormais, je veux une certaine justice, désormais je veux que le monde change."
Stéphane Ravacley, candidat Nupes dans la 2e circonscription du Doubsà franceinfo
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Sur cette brocante, l'accueil est plutôt bon. "On sait que lui, il en a bavé. Il est un peu comme nous, les gens simples", estime une passante. Simple, Stéphane Ravacley veut le rester. Il pointe ses pieds : "Ce sont mes chaussures professionnelles et je les porterai à l'Assemblée pour ne pas faire le beau. Parce que je n'ai pas à faire le beau, j'ai à être moi-même."
Le candidat restera boulanger en cas de victoire
Et puis, il faut aussi aller chercher ceux qui ne paraissent pas emballés. Convaincue ? "Non, pas vraiment, dit cette femme, après une hésitation. Ce qui me fait peur, c'est qu'il ne connaissait rien à la politique auparavant. Il faut tout un minimum, quand même !" Son manque d'expérience, Stéphane Ravacley balaie la critique. "Ce n'est pas un problème, ça. Quand on commence quelque chose, on n'a pas d'expérience. On apprend, c'est tout. Ça ne m'effraie pas." Et il compte bien continuer à travailler. "Bien sûr ! Quand je reviendrai sur Besançon, ma place sera dans mon entreprise, évidemment. Je travaille la nuit, je serai à leur service la journée."
À quelques kilomètres de là, son principal concurrent, le député sortant de la majorité Eric Alauzet fait du porte à porte, à Montfaucon. Il s'agace de voir Stéphane Ravacley s'engager dans cette campagne. Un candidat opportuniste, selon lui. "Chacun est libre de se présenter, mais c'est vrai que, dans cette période, on voit des personnes comme ça émerger assez brutalement dans le paysage politique. Je ne sais pas si ça dit beaucoup de la suite, de la pérennité, de l'engagement ou de la ligne politique. Je me pose beaucoup de questions", glisse-t-il.
"L'humanitaire, j'en ai fait aussi, sauf que ne me mets pas avant"
Chafia Kaoulal est candidate pour Les Républicains. Novice en politique, c'est aussi sa première élection. Si elle est élue, elle a un thème en particulier pour lequel elle souhaite se battre : le pouvoir d'achat. "C'est indéniable, aujourd'hui, le pouvoir d'achat impacte tout le monde. Et on observe une paupérisation de la société avec des familles qui ont de plus en plus de mal à boucler leurs fins de mois, si ce n'est parfois, carrément, le début du mois." Elle reconnaît que Stéphane Ravacley, "effectivement, a fait énormément de choses sur l'humanitaire. J'en fais également. Sauf que je ne mets pas en avant."
Geoffrey Thomassin, candidat du Parti pirate, s'interroge lui sur le fonctionnement de cette union de la gauche en cas de victoire de son concurrent de la Nupes. "Le problème, c'est qu'en fait il va devoir suivre les lignes de ces partis, justement. Il ne va pas forcément pouvoir suivre ses idées. Nous, au Parti pirate, on fait passer les idées avant les hommes. On est un parti très démocratique : si jamais on a des idées, on peut les faire voter en interne pour qu'elles s'intègrent au programme, par exemple."
Au Rassemblement national, même si son programme diffère de celui de Stéphane Ravacley, Eric Fusis s'identifie tout de même un peu à lui. "Je ne suis différent que par les idées politiques, parce que je suis moi aussi un novice à ce niveau de candidature d'un poste de député. Se battre pour une cause humanitaire ou humaniste, oui, pourquoi pas ? Bien sûr ! Nous, on n'est pas anti-tout, on n'est pas contre absolument tous les étrangers, etc. Nous, ce qui nous fait peur, c'est l'immigration grandissante et l'immigration non contrôlée."
Dans cette deuxième circonscription du Doubs, Claudine Meyer est candidate régionaliste, Barbara Carrau pour Reconquête, Jim Prenel pour Les Patriotes et Brigitte Vuitton pour Lutte ouvrière.
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