Quand l'achat d'occasion entraîne une surconsommation

Supposé plus vertueux, l'achat d'occasion est associé dans presque la moitié des cas à une nouvelle forme de surconsommation.

Article rédigé par Pauline Vallée
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Supposé plus vertueux, l'achat d'occasion est associé dans presque la moitié des cas à une nouvelle forme de surconsommation. (Laura Geiger et Paulin Viguier)
Supposé plus vertueux, l'achat d'occasion est associé dans presque la moitié des cas à une nouvelle forme de surconsommation. (Laura Geiger et Paulin Viguier)

Cet article a été publié une première fois en 2023 par le média Nowu, spécialisé en écologie.

48% des Français·es ont acheté un produit d’occasion en 2018, versus un quart en 2009, selon une étude de l'Ademe parue début 2023.

Autre chiffre révélateur : 8 personnes sur 10 sont fières de leurs achats d'occasion et 9 sur 10 pensent que c’est une action écologique.

45% des Français achètent "beaucoup", neuf comme occasion

"La seconde main est censée limiter la consommation de neuf", appuie explique Marie Nguyen, cofondatrice de la marketplace de vêtements éthique We Dress Fair. Avec plus de vêtements de seconde main en circulation, logiquement, le nombre de vêtements neufs produits dans le secteur de la mode devrait diminuer. "Mais ce n’est pas ce qu’on voit sur les chiffres : au lieu de se substituer, les deux marchés se sont additionnés."

En d'autres termes, les acheteurs qui se tournent vers les produits d’occasion profitent des avantages de ce mode d’achat (prix réduit, caution écologique…) pour se faire plaisir et acheter autant, voire davantage que ce qu’ils faisaient auparavant.

Selon une étude de l’Ademe publiée en février 2023, 45% des personnes interrogées rentraient dans la catégorie de ceux qui achètent beaucoup, du neuf comme de l’occasion. Pour 90% d’entre elles, la seconde main est même un moyen d’acheter plus de choses pour moins cher.

Le piège du principe de "rareté"

Le principe de "rareté" des produits est l'un mécanisme qui va accentuer la tendance à consommer d’occasion : contrairement aux boutiques classiques où un produit neuf est disponible en plusieurs exemplaires, dans les sites de vente de seconde main, le vendeur va en général mettre en ligne un seul produit.

"Quand tu as un produit pas cher, de marque, et qu’il n’en reste plus qu’un en stock, tu as encore plus envie d’acheter, résume Marie Nguyen. Les sites jouent là-dessus justement et te poussent à acheter vite par peur de louper la bonne occasion."

Des cycles de vente et d'achat

Toujours selon l’étude de l’Ademe, l’achat d’occasion a aussi profité du boom de l’achat sur Internet (qui s’est bien développé avec la pandémie de Covid-19). Acheter sur Vinted plutôt qu’en friperie, dématérialise l'acte d’achat, rend les sommes dépensées plus abstraites. Et quand un utilisateur vend un vêtement, l’argent atterrit d’abord dans sa cagnotte où elle peut être réutilisée pour acheter directement de nouveaux vêtements. D’après un article de Elle, plus de 70% de l’argent des ventes sur Vinted est ainsi réinvesti dans un nouvel achat sur le site.

Enfin, comme il est devenu plus simple d’acheter et vendre d’occasion grâce aux sites de vente en ligne, on peut facilement acheter un produit neuf en se disant "si ça ne me plaît pas finalement/si ça ne me va pas, je le revendrai". La facilité d'acheter et de vendre d’occasion déculpabilise l'acte d'achat.

Les solutions pour acheter d’occasion sans surconsommer

D'un point de vue écologique, le meilleur réflexe reste d’acheter le moins possible. On peut se fixer un quota de consommation mensuel à ne pas dépasser, ou un budget maximal réservé au shopping, et essayer de s'y tenir.

Autres habitudes à adopter : ne pas préenregistrer sa carte bancaire sur les sites d'achat en ligne, ne pas télécharger les applications de site de vente/revente ou encore se désabonner des newsletters et comptes sociaux des marques.

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