Albanie : un paysage de carte postale menacé par la montée des eaux
Petit à petit, le littoral albanais est rongé par la montée des eaux. Plages, habitations et biodiversité sont menacées et les solutions de fortune ne suffisent plus à repousser les flots.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Au cœur des Balkans, la côte albanaise est rongée par la montée des eaux. Une plage de la mer Adriatique est aujourd'hui saturée de transats. Il y a 20 ans, le trait de côte était bien plus éloigné, à plus de 50 mètres du rivage actuel. Le bar de plage, installé dans un vestige de l'ancienne dictature communiste, se retrouve en première ligne. Le bâtiment a presque les pieds dans l'eau. Son gérant tente coûte que coûte de repousser les flots : "On a dû déverser ici 200 camions de sable pour repousser la mer". Un hôtelier lutte aussi contre l'avancée de la mer. L'hiver dernier, le trottoir de son établissement a été démoli par les vagues. Le patron a dû tout reconstruire à ses frais : "Le gouvernement devrait faire des investissements dans toute la zone de la baie. Comme ça, les entreprises ou les acteurs individuels n'auraient pas besoin de payer de leur poche."
Pour tenter de freiner le phénomène, certains hôteliers ont érigé des digues de fortune. On en compte des dizaines sur le littoral. Faites de gravats, de débris de chantier, des constructions illégales. Quand nous les abordons, la plupart des professionnels coupent court à nos questions. Les propriétaires d'un hôtel-restaurant nous confient en caméra cachée que c'est leur seul recours.
Une plante pour faire barrage
Accentuée par le réchauffement climatique, l'érosion est toujours plus agressive. Au nord de l'Albanie, une île est engloutie. Plusieurs hectares avalés par la mer il y a une dizaine d'années. Sur 150 km de côtes, les forêts de pins disparaissent elles aussi, année après année, sous les flots. Des troncs échoués, des arbres dont les racines prennent l'eau. En 50 ans, la mer a avancé de 250 mètres. Le sel grignote peu à peu les racines des arbres.
Jak Gjini, biologiste et expert de l'environnement, recommande de planter des herbes pour créer une frontière naturelle contre les vagues : "La plante s'appelle l'Ammophila arenaria. C'est une des plantes qui peut aider à la formation des dunes".
Les habitations de plus en plus menacées
Cette solution peut paraître dérisoire. Le rétrécissement de la bande de sable semble inexorable, modifiant les équilibres entre eau salée et eau douce dans la lagune voisine. Les pélicans ont déserté ce milieu fragile, certains poissons aussi. Dritan Dodaj y pêche depuis 40 ans. Il constate impuissant l'appauvrissement de cet écosystème : "Il y a dix ans, on pêchait à volonté et les filets se remplissaient immédiatement de poissons. Aujourd'hui, il nous arrive de les jeter et de ne rien y trouver."
L'érosion menace même sa maison. En cas de forte pluie, l'eau arrive jusqu'au pas de sa porte. Et il n'est pas le seul menacé. "Selon les autorités albanaises, d'ici 2030, un tiers des habitats côtiers seront touchés par les inondations", indique Camille Rigeade, envoyée spéciale en Albanie.
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