En Afrique du Sud, couper les cornes des rhinocéros a entraîné une chute de près de 80% de la chasse illégale

L'Afrique du Sud abrite la plus grande partie des rhinocéros dans le monde, dont le rhinocéros noir, en danger critique d'extinction.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un rhinocéros sans corne, le 7 avril 2017, en Belgique. (LAURIE DIEFFEMBACQ / BELGA MAG / AFP)
Un rhinocéros sans corne, le 7 avril 2017, en Belgique. (LAURIE DIEFFEMBACQ / BELGA MAG / AFP)

Une solution radicale contre le braconnage. Couper les cornes des rhinocéros, très convoitées par les trafiquants, a entraîné une chute de près de 80% de la chasse illégale de ce mammifère, selon une étude menée pendant sept ans dans le secteur du célèbre parc national Kruger en Afrique du Sud, ont annoncé des chercheurs, jeudi 5 juin. L'étude, publiée par la revue Science, a été réalisée entre 2017 et 2023 dans onze réserves autour du parc Kruger, la plus grande réserve animalière d'Afrique du Sud.

Au cours de cette période, 1 985 rhinocéros ont été braconnés dans les réserves naturelles de la région du Grand Kruger en dépit des 74 millions de dollars dépensés pour appliquer la loi, des mesures qui ont permis l'arrestation de quelque 700 braconniers, selon l'étude. Le déploiement de gardes et de chiens fait partie de ces mesures.

En revanche, l'écornage de 2 284 rhinocéros s'est traduit par une réduction de 78% du braconnage, pour un coût qui ne représente que 1,2% de ce budget, selon l'étude publiée par l'American Association for the Advancement of Science. "Certains braconnages de rhinocéros écornés se sont poursuivis, les braconniers ciblant les moignons de cornes et la repousse, ce qui souligne la nécessité d'un écornage régulier associé à une application judicieuse de la loi", relève l'étude.

Des cornes radioactives

L'Afrique du Sud, qui abrite la plus grande partie des rhinocéros dans le monde, dont le rhinocéros noir, en danger critique d'extinction, est fortement touchée par le braconnage, en raison d'une grande demande dans les pays asiatiques, où les cornes de rhinocéros, utilisées par la médecine traditionnelle, sont très prisées. La corne de rhinocéros est très recherchée sur le marché noir, où son prix au poids rivalise avec celui de l'or et de la cocaïne.

L'étude souligne que "les effets de l'écornage sur la biologie des rhinocéros ne sont toujours pas clairs, les recherches actuelles suggérant que l'écornage peut modifier l'utilisation par les rhinocéros de leur territoire, mais [sans affecter] leur survie et la reproduction". Selon des données gouvernementales, l'Afrique du Sud comptait plus de 16 000 rhinocéros à la fin de l'année 2023, principalement des rhinocéros blancs. Mais au moins 34 rhinocéros sont tués chaque mois, avait dénombré en mai le ministre de l'Environnement sud-africain.

En 2024, des scientifiques sud-africains avaient injecté des matériaux radioactifs dans les cornes de rhinocéros vivants afin de permettre plus facilement leur détection éventuelle aux postes frontières. Les matériaux radioactifs n'affectaient ni la santé des animaux ni l'environnement, mais rendaient les cornes toxiques pour la consommation humaine, selon le département de l'université de Witwatersrand qui a supervisé cette expérience.

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