Moustiques tigres : "Toute la France hexagonale va être touchée, et les villes en premier", prévient un spécialiste
L'insecte a colonisé 81 des 96 départements métropolitains et les maladies qu'il véhicule ne sont désormais plus "exotiques".
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"Toute la France hexagonale va être touchée, et les villes en premier", alerte Didier Fontenille, entomologiste, directeur de recherche émérite à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), alors que les cas autochtones de contaminations à la dengue et au chikungunya battent des records.
Ces maladies "qu'on considérait comme exotiques par le passé" touchent maintenant la France hexagonale "en raison de la présence du moustique tigre et de son abondance dans de plus en plus de départements". Au total, 81 des 96 départements métropolitains sont considérés comme colonisés. Ceux qui y échappent encore, sont principalement situés en Bretagne, Normandie, dans le nord et dans l'est de la France. Mais "j'ai le regret d'annoncer aux personnes qui vivent dans ces départements qu'elles seront également touchées", alerte l'entomologiste. Les villes vont être touchées en premier car elles concentrent des "îlots de chaleur, qui font que le moustique s'y trouve bien et trouve à manger puisqu'il pique les humains".
Génétiquement adapté, hiberne "comme une marmotte"
Si la France concentre 65 espèces différentes de moustiques, c'est le moustique tigre qui est en cause. Arrivé en 2004 en France métropolitaine, "il est originaire d'Asie du Sud-Est, donc c'est un moustique tropical et il est très adapté aux climats chauds, mais génétiquement, il s'est adapté aux climats tempérés", explique Didier Fontenille. "Il est capable de passer l'hiver sous forme d'œuf, en hibernation, comme une marmotte".
Mais il se réveille en fonction de la "durée du jour" et non de la chaleur. "En revanche, ce qui se passe avec le changement climatique, c'est que les conditions durant lesquelles il est actif sont plus favorables, donc on va avoir plus de moustiques parce qu'il y aura plus d'œufs qui seront pondus par les femelles". Ainsi, on ne trouvera pas forcément des moustiques plus tôt ou tard dans la saison, mais après leur réveil, leur nombre sera tout de suite plus important.
Seule méthode de lutte efficace : la stérilisation des mâles
Une politique très efficace, "encore au stade de recherche expérimentale" est celle de la stérilisation des moustiques mâles. "C'est difficile à mettre en œuvre" et "très coûteux" mais "ça marche très bien" puisque les œufs pondus par les femelles ne vont pas éclore et les populations vont "diminuer petit à petit". C'est cependant une disparition lente qui n'est donc "pas du tout utilisable en période épidémique". Il espère cependant que la technique "va se développer", notamment, car elle permet de "s'affranchir des insecticides".
Pour lutter contre leur installation, les particuliers peuvent éviter d'accumuler des retenues d'eau dans leur jardin. "Ce sont des insectes qui pondent des œufs dans l'eau, et en particulier des petites collections d'eau qui sont créées par les humains", comme "des bidons qu'on oublie dans le jardin ou des récupérateurs d'eau". Il recommande "de les couvrir" ou de "les supprimer lorsque ce n'est pas nécessaire". En revanche, "les insecticides ne sont pas recommandés" car ils "tuent tout".
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