Botulisme aviaire : la faune du parc naturel de Brière en Loire-Atlantique décimée par l'épidémie
Une bactérie fait des ravages en ce moment dans plusieurs cours d'eau de Loire-Atlantique. Le botulisme aviaire a tué des milliers d'oiseaux ces dernières semaines. Cette maladie non transmissible à l'homme prolifère dans les eaux stagnantes avec les fortes chaleurs. Des pratiques agricoles sont pointées du doigt. Reportage dans le marais de Brière.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Depuis deux semaines au petit matin, une équipe sillonne le marais de Brière, 7 000 hectares. Ils progressent péniblement dans la vase, scrutent les moindres recoins et, à chaque découverte, la réalité est insupportable pour les agents du parc. "C'est un col vert. On devrait entendre des canards partout chanter. Et là, on n'entend rien. Et on ne voit rien aussi. C'est vraiment triste de voir ça quand même", déplore Patrick Leray, agent du parc régional de Brière, un canard inerte dans les mains.
Au pic de la crise, les équipes recensent 700 décès par jour. Aujourd'hui, près de 3 000 oiseaux sont morts dans cette réserve, 4 000 près du lac voisin. Tous victimes du botulisme aviaire, une maladie non transmissible à l'homme qui se développe dans la vase lorsque l'eau manque dans le marais. Paralysé et très faible, le canard ne survivra pas. "C'est une mort cruelle, lente, puis c'est une agonie sur tout le marais. Là, notre marais, c'est juste un cimetière, c'est un mouroir à oiseaux. Ce n'est pas normal que ce soit comme ça", se désole Isaïe Moyon Ballester, technicien cynégétique, de la Fédération départementale des chasseurs de Loire-Atlantique.
Une mauvaise gestion du marais ?
Une conséquence du réchauffement climatique, mais aussi de la gestion du marais. Ici, le niveau de l'eau est abaissé régulièrement par l'ouverture de vannes sur les bords de Loire. L'objectif : permettre d'assécher les terres pour le pâturage ou la culture du foin. Mais Pierre-Marie Château, président de l'association de défense des éleveurs de Brière-Bivet et agriculteur, rejette la responsabilité de cette hécatombe. Pour lui, le problème viendrait d'un mauvais assainissement de la zone par le parc de Brière. "Il faut déjà commencer par l'entretien du marais, par du curage et une lutte contre la plante invasive qui est la Jussie. Si les canaux sont tout bouchés comme là, on ne peut ni évacuer l'eau ni en faire rentrer", pointe-t-il.
Le niveau d'eau, un débat permanent dans cette zone humide du département. Pour le parc naturel régional, cette crise doit permettre de changer les règles face aux enjeux climatiques. "Si l'homme n'est pas capable de faire évoluer ses pratiques, oui, c'est un milieu qui est menacé, très clairement. Et c'est quand même la deuxième zone humide de France. On a une responsabilité nationale, mais je dirais européenne et internationale. On ne peut plus laisser des zones humides s'assécher. Ça n'est plus possible", juge Olivier Demarty, président de la commission biodiversité et zones humides du Parc naturel de Brière.
Une centaine d'oiseaux ont été sauvés grâce au travail des agents du parc et des chasseurs. Mais l'épidémie de botulisme aviaire est déjà la plus mortelle observée depuis 30 ans dans la région. L'arrivée des oiseaux migrateurs dans le marais risque d'aggraver la situation.
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