Pêche illégale, pollution, biodiversité... Comment l'utilisation des satellites permet de mieux connaître et mieux protéger les océans

Les technologies par satellites s'améliorent au point qu'elles permettent de surveiller de plus en plus étroitement des navires de pêche, de mesurer avec grande précision la hauteur de l'eau ou encore de mieux détecter la pollution.

Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Un satellite en orbite autour de la Terre. Image d'illustration. (MICHAEL DUNNING / THE IMAGE BANK RF)
Un satellite en orbite autour de la Terre. Image d'illustration. (MICHAEL DUNNING / THE IMAGE BANK RF)

Le Sommet mondial sur les océans a débuté lundi 9 juin. C'est Nice qui accueille cette conférence des Nations unies et 63 chefs d'Etats et de gouvernements réunis pour tenter de mieux protéger les mers et les océans, essentiels à la vie et pourtant victimes du dérèglement climatique et de la pollution. Pour protéger, il faut pouvoir faire l'état des lieux et prendre de la hauteur peut aider quand on doit observer de telles surfaces.

Plus de 70% de notre planète est recouverte par ces mers, des immensités qu'il est souvent compliqué d'explorer à hauteur d'eau, in situ. "Déployer des bateaux par exemple en mer, qui reste complètement nécessaire, ne peut pas se faire pour couvrir l'ensemble de l'océan global, l'océan polaire, les zones arctique et antarctique, les îles, etc.", explique Selma Cherchali, sous-directrice Étude et observation de la Terre au Cnes, l'agence spatiale française.

Depuis les années 1970, on se tourne donc vers l'espace et les satellites. D'abord pour des observations simples, photographiques, et puis au fur et à mesure, pour recueillir des données plus complexes avec de nouveaux instruments. En France, Thales Alenia Space (TAS) est l'un des grands fabricants de ces satellites. "Ce qui a changé, c'est la nature des mesures qu'on peut faire, explique Bertrand Denis, vice-président de TAS, chargé de l'observation, des sciences et de l'exploration. Là, on s'intéresse à la mesure de la température des océans, le taux de sel dans les océans, le niveau de la hauteur de la banquise ou de la calotte polaire. Donc on a largement étendu le nombre de mesures qu'on pouvait faire. Ça, c'était la première évolution. On a grandement amélioré la précision de ce qu'on est capable de mesurer."

"Donc les images qu'on prend sont souvent plus résolues, la mesure de précision de la hauteur des océans se fait à quelques centimètres. Les précisions sont très fortes."

Bertrand Denis, vice-président Observation, sciences et exploration à Thales Alenia Space

à franceinfo

Peut-être avez-vous entendu parler de Topex-Poseidon ? Il a été lancé dans les années 1990. Citons aussi les satellites Sentinel, satellites européens du programme Copernicus, ou encore Swot, un satellite dit altimétrique lancé en 2022 pour mesurer les hauteurs d'eau dans les rivières, les fleuves et les océans. "Un satellite altimétrique historique mesurait la hauteur des eaux en un point. Mais là, avec Swot, on a la capacité de mesurer sur une bande de 100 kilomètres, relève Bertrand Denis. Donc cela permet de beaucoup raffiner les modèles qui concernent l'eau et de mieux comprendre ce qu'on appelle le cycle de l'eau, c'est-à-dire comment est-ce que l'eau se régénère entre les nuages, les rivières, les océans, et donc de mieux comprendre comment le climat fonctionne."

Une société française scrute des navires

Autre intérêt de l'espace : la possibilité de surveillance de la pêche illégale. Chaque année, jusqu'à 26 millions de tonnes de poissons sont pêchés illégalement, soit environ un tiers de la pêche mondiale. Souvent, pour passer inaperçus, les équipages de ces navires coupent le dispositif de positionnement du bateau, le dispositif de repérage. Sauf que depuis l'espace, ces navires peuvent être visibles grâce à de nouvelles technologies développées par exemple par la société française Unseenlabs, dirigée par Clément Galic. "On a travaillé pour les Indiens par exemple, on a montré qu'un navire d'une flotte d'un pays un peu compliqué faisait des allers-retours entre la zone économique indienne et les eaux internationales", décrit-il.

"Le navire passait un jour dans les eaux indiennes, puis 12 heures dans les eaux internationales, etc. Ça, ce sont des 'patterns' de mouvements qui sont caractéristiques d'un chalutier qui va pêcher et vider son poisson."

Clément Galic, fondateur et PDG d'Unseenlabs

à franceinfo

Ces outils de surveillance servent aussi à détecter des pollutions, comme le fait l'Europe avec un système appelé CleanSeaNet. À l'avenir, cela pourra servir à vérifier le respect des zones protégées dans le cadre du Traité des Nations unies sur la haute mer, signé en 2023 et qui est en attente de ratification.

Comment l'utilisation des satellites permet de mieux connaître et mieux protéger les océans. Reportage d'Olivier Emond

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