Suspension du chantier de l'A69 : les partisans du projet dénoncent une décision "incompréhensible"
Le tribunal administratif de Toulouse a annulé, jeudi, l'arrêté préfectoral qui autorisait le chantier de l'autoroute A69 Toulouse-Castres.
La justice a annulé, jeudi 27 février, l'arrêté préfectoral autorisant le chantier de l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Sur franceinfo, Philippe Folliot, sénateur centriste du Tarn, se dit "choqué" et "ulcéré" par la décision du tribunal administratif de Toulouse. Quant à Jean Terlier, le député EPR du Tarn, il dénonce une "irresponsabilité des magistrats". Pour sa part, l'État va faire appel de cette suspension du chantier.
"En tant que parlementaire", Philippe Folliot annonce qu'il va "déposer une proposition de loi" pour que, "quand il y a une déclaration d'utilité publique sur un projet, il puisse aller à son terme sans avoir des recours successifs tels qu'on les a". L'élu rappelle que "les travaux sont terminés aux deux tiers" et que des grosses sommes sont engagées dans ce dossier : "Plus de 300 millions d'euros".
"Rendez-vous compte de l'irresponsabilité de ces magistrats, qui non seulement ne font aucun cas des 300 millions déjà dépensés, du milliard d'euros qu'il faudrait pour remettre en état, mais aussi des 1 000 salariés qui travaillent sur le chantier qui sont au chômage technique."
Jean Terlier, député EPR du Tarnsur franceinfo
"Cette décision du tribunal administratif a une connotation très politique", dénonce pour sa part Jean Terlier, député du Tarn. Il rappelle qu'"en 2021, le Conseil d'État [...] était venu valider de manière définitive l'utilité publique de ce chantier autoroutier". "C'est d'autant plus incompréhensible que le tribunal administratif a eu à 14 reprises la possibilité de suspendre les travaux", selon lui. Or, "à aucun moment, le tribunal est venu indiquer quoi que ce soit en matière d'irrégularité procédurale". "On a manifestement des juges qui ont eu envie de se payer les juges du Conseil d'État."
"Inconcevable"
Le sénateur Philippe Folliot s'interroge : si "nous sommes encore dans une démocratie, où ce sont les élus qui décident, ou est-ce que nous allons remettre le devenir de tous les projets structurants dans notre pays dans les mains du juge administratif ?". Il précise ne pas remettre en cause l'intérêt de la justice administrative, mais plutôt "l'instrumentalisation par quelques personnes de la justice administrative [...] et l'utilisation abusive de cette raison d'intérêt public majeur par rapport à un élément qui arrive totalement en décalé".
Selon lui, "notre État de droit est en train d'être mangé par le haut par Donald Trump et par le bas par des idiots utiles qui, par leur comportement, font que tout ceci est complètement choquant et incompréhensible par nos concitoyens".
Le sénateur reconnaît malgré tout que "ceci aurait dû être jugé au fond avant le début du chantier et pas maintenant" et répète que "quand un chantier est autant engagé, c'est inconcevable" de l'arrêter. "Aujourd'hui, les travaux sont arrêtés et on espère qu'ils vont reprendre très rapidement", conclut le député Jean Terlier.
"Je pleure pour les 1 000 ouvriers et ingénieurs"
L'ancien député du Tarn, Bernard Carayon, assure sur franceinfo qu'il "pleure pour les 1 000 ouvriers et ingénieurs qui travaillent sur ce chantier depuis deux ans." "C'est un désastre social, un désastre humain, un désastre budgétaire", a dit le maire de la commune de Lavaur, fervent défenseur de l'A69. "On parle d'un coût d'un ou deux milliards, car si cette décision du tribunal administratif devait être confirmée en appel, il faudrait indemniser le concessionnaire sur 55 ans de profits attendus, et pour la reconstitution des espaces naturels".
"Le tribunal administratif a pris une décision absolument inverse de celle du Conseil d'Etat qui avait validé l'utilité publique du projet", a-t-il poursuivi, se disant "convaincu que nous gagnerons en appel".
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