Érosion du littoral : il faut "arrêter de faire de l'attentisme" car "ce sera l'un des défis majeurs du 21e siècle"
Christian Buchet, directeur du centre d'études de la mer à l'Institut catholique de Paris, a affirmé mardi sur franceinfo qu'il faut un "New Deal" maritime sur la question de l'érosion du littoral en France.
L'érosion de notre littoral semble inexorable, conclut le dernier bilan de l'Observatoire de la côte aquitaine publié fin février. Le ministère de la Transition écologique estime que 26 kilomètres carrés de territoire métropolitain ont disparu entre 1949 et 2005. Une érosion qui va s'aggraver durant le 21e siècle prévient mardi 6 mars sur franceinfo Christian Buchet, directeur du centre d’études de la mer à l’Institut catholique de Paris.
franceinfo : Connaît-on aujourd'hui en France une érosion inexorable de nos côtes ?
Christian Buchet : À peu près 23% de notre littoral métropolitain est sous l'effet de l'érosion marine. Cette érosion résulte, tout simplement, mais fortement, du réchauffement de la planète. Ce que l'on ne sait pas c'est que la mer, comme tout corps physique, comme le camembert, comme ce que vous voulez, sous l'impact du réchauffement se dilate. Donc l'érosion marine résulte aujourd'hui à 82% de cette dilatation de la mer qui fait qu'elle monte. Et puis, ce réchauffement climatique perturbe aussi le climat en provoquant des vents plus variables et souvent beaucoup plus forts. Donc ces deux phénomènes conjugués font qu'aujourd'hui la mer monte, grignote du sable, grignote de la pierre et fait tomber les falaises. C'est un véritable défi auquel il convient de faire face.
Avec des conséquences inquiétantes ?
Oui, ce sont des forces très fortes. À la fois vous avez au niveau mondial, comme au niveau français, des concentrations de plus en plus marquées sur le littoral, parce que la mer contient la quasi-totalité des solutions, la mer est très attractive. Donc on se concentre démographiquement sur la mer et la mer monte. Donc il va bien falloir faire quelque chose. Il faut respecter le sable, par exemple lorsqu'il s'agit de l'Aquitaine, il faut le laisser respirer. Il faut parfois aussi construire des ouvrages de défense, parce que pour l'instant les politiques bottent un peu en touche, c'est "après moi le déluge", quelque part. On verra, on va délocaliser ou plutôt faire refaire passer les aménagements de première ligne derrière. Mais on commence à se rendre compte que cela coûte plus cher que des ouvrages de défense. On peut se protéger mais à condition de faire des choses intelligentes et surtout commencer par comprendre le phénomène [...] Par exemple il y avait un projet pharaonique et complètement incroyable au large du phare de la Coubre en Charente-Maritime. Il était question de prendre 15 millions de mètres cube de sable en 30 ans, le préfet nous dit que d'après une étude, il n'y a pas d'impact environnemental. Mais il y en a un niveau de l'érosion. Il faut modifier la loi pour que toute autorisation administrative de prélèvement de sable puisse faire l'objet d'une étude préalable d'impact érosion.
Vous parliez de construire des ouvrages, que faut-il faire ? Construire des murs ?
Des murs, non. Ce n'est pas le mur de l'Atlantique, mais on peut faire des épis [ouvrage rigide pour freiner les courants], ici ou là. Il faut d'abord étudier et comprendre. On peut stabiliser parce que très honnêtement quand la mer va cogner aux premières portes des maisons, on sera moins partie prenante pour savoir si on peut se reculer ou non, surtout que cela coûte cher. Cela dépend des endroits, il n'y a pas de solution miracle, mais je pense que ce sera l'un des défis majeurs du 21e siècle. Je suis convaincu qu'il y aura un "New Deal" maritime qui nécessitera de mettre au point un certain nombre de techniques visant à faire baisser la force de la houle, à restaurer le sable. Mais ce qui est valable à un endroit ne l'est pas à un autre, d'où la necessité de comprendre et de ne pas s'aveugler en disant "on va reculer". On sait très bien que c'est faire de l'attentisme, parce que ce n'est pas un problème d'aujourd'hui, c'est pour demain. Et quand demain va arriver, si on ne fait rien aujourd'hui, on va vers des difficultés majeures.
Est-ce réversible ou l'enjeu est-il juste de stabiliser ?
Tout dépend du réchauffement climatique. À travers tout le 20e siècle le niveau de la mer s'est élevé de 10 centimètres. Entre 1993 et 2012, en très peu de temps, il a augmenté de 6,5 centimètres et on s'attend à ce qu'il augmente entre 30 centimètres et un mètre d'ici 2100 d'après les prévisions du Giec. Donc il faut lutter contre le réchauffement climatique.
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