Littoral : acheter une maison vue mer malgré l'érosion

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Des blocs de roches qui se détachent en quelques secondes d'une falaise à Étretat (Seine-Maritime). Ou encore un éboulement dans le Calvados. Ces dernières années, partout en France, l'érosion des côtes s'accélère avec la montée des eaux. Comme à Wissant, dans le Pas-de-Calais, où le trait de côte a reculé de 300 mètres en 70 ans. Pourtant, malgré les risques, certains particuliers continuent d'investir au plus près des plages.

C'est le cas d'un couple de Parisiens qui possède une maison de vacances juste derrière la dune. Ils ont acheté leur pied-à-terre il y a trois ans en étant conscients du danger. Dans leur quartier, la mer gagne du terrain. "Ça reste un coup de cœur. On cherchait un endroit paisible avec de grandes plages", explique la femme. "Profitons de l'instant présent et après on verra. C'est vrai que peut-être que nos arrière-petits-enfants n'auront pas la capacité d'avoir cette propriété, mais nous, on en aura profité", relativise son époux.

Acheter malgré le risque

Des acheteurs qui ne se découragent pas face aux risques climatiques. Un conseiller immobilier l'a constaté. En cinq ans, il a vendu une dizaine d'habitations près de la mer. "Là, on est dans la dune d'Aval. On a la plage qui est là et on a les premières maisons qui sont juste à côté. On a environ une cinquantaine de mètres entre la plage et les premières maisons", indique-t-il.

Des biens qui se vendent à prix d'or : 600 000 euros en moyenne, alors que d'ici 2050, l'érosion devrait s'accélérer. "Quelqu'un qui achète une résidence principale sur un secteur comme ici, je vais lui déconseiller. Par contre, on a affaire à des gens qu'on a beau avertir et qui franchissent le pas en faisant passer le plaisir avant tout", souligne le conseiller immobilier.

La nature reprend ses droits

Les communes tentent de freiner ce phénomène. En installant, par exemple, une centaine de pieux en bois pour éviter que la mer ne progresse. Mais est-ce suffisant ? En France, 20 000 km de côtes et six départements sont particulièrement touchés. Au total, un million de parcelles, parfois construites, sont exposées aux risques côtiers.

Face au danger, des propriétaires ont dû se résoudre à partir. Un retraité constate, impuissant, la mer qui se rapproche mètre par mètre de sa maison achetée il y a trente ans. Il a déménagé à quelques kilomètres après une vie passée au bord de l'eau. Car il le sait, d'ici peu, la dune s'effondrera : "C'est quand même des souvenirs. C'est jamais rigolo de perdre un truc qu'on a acheté ou dans lequel on a investi. C'est la nature, on ne peut rien y faire."

D'ici 2100, près de 450 000 maisons pourraient être touchées par l'érosion des côtes.