: Reportage "On a besoin de faire de la place" : à Penly, l'impressionnant chantier "préparatoire" de deux EPR2, ces réacteurs nucléaires de dernière génération
Dans l'attente de la décision finale de EDF et l'État pour lancer officiellement le chantier, le site accueille depuis un an les travaux "préparatoires" des deux EPR2, des réacteurs nucléaires de dernière génération.
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C'est l'un des plus grands projets industriels des prochaines décennies. Franceinfo est allé à Penly, près de Dieppe, en Seine-Maritime dimanche 28 septembre, où deux EPR2 doivent être construits. Ce sont des réacteurs nucléaires de dernière génération, améliorés, par rapport à l'EPR de Flamanville. Pour l'instant, leur construction n'est pas totalement actée. EDF et l'État rendront en fin d'année prochaine la décision finale d'investissement. C'est-à-dire la décision pour vraiment lancer ce chantier titanesque.
Mais sur le site, les travaux "préparatoires" ont commencé, il y a un an. C'est déjà un très gros chantier, avec un objectif : tenir le calendrier. Sur ce chantier de 155 hectares, coincé entre la mer, la falaise, et les deux réacteurs existants, il y a un ballet incessant de 200 engins, de grosses pelleteuses, d'énormes camions ou encore ce bulldozer. "C'est l'un des plus grands bulldozers du monde. L'envergure du chantier qui est devant nous, nécessite des engins de taille relativement impressionnante", explique Frédéric Hennion, directeur du projet des EPR2 de Penly et notre guide, au milieu des travaux.
Deux centrales à béton installées sur le site
Ici, les pelles grignotent la falaise "parce que l'empreinte au sol des EPR2 est relativement grande. On a besoin de faire de la place. On récupère quelques dizaines de mètres côté falaise. On va récupérer les matériaux. C'est de la craie qui sert à créer une extension en mer de l'ordre de 20 hectares. Et on a fait à peu près 25%", relève Frédéric Hennion.
Les camions déversent la craie blanche, dans l'eau bleue, mètre par mètre. Sous l'eau, le chantier intègre déjà un élément essentiel pour les futurs réacteurs : "Il y a un tuyau pour l'évacuation des poissons. Et il sera recouvert par la craie, indique le directeur du projet. Pour l'instant il est relié à rien. Mais à terme, il sera relié au circuit de refroidissement pour refroidir le réacteur. Et donc l'idée, c'est qu'on puisse refaire sortir les poissons qui auraient été aspirés."
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L'extension et les deux EPR2 seront protégés de la mer par une digue de gros blocs en béton fabriqués à l'autre bout du site. Nicolas Beaujot directeur de site pour Eiffage, dirige ces opérations."On a fabriqué 5 000 blocs. On en a 13 500 à fabriquer. On a justement fait installer deux centrales à béton sur le site, spécifiquement pour cette activité. On a quand même des quantités qui sont astronomiques. On tourne à 10 000 mètres cubes de béton par mois, c'est assez hors du commun quand même", reconnaît-il.
Une mise en service prévue en 2038
Un chantier déjà hors norme donc, mais qui doit tenir son calendrier. À ce stade, la mise en service du premier réacteur est prévue dans 13 ans, vers 2038. Le projet de Penly avance bien, selon son directeur, Frédéric Hennion.. "L'avance est conforme à ce qu'on pensait. Moi, je suis confiant." EDF applique ici les leçons apprises ailleurs, comme sur le chantier de l'EPR de Flamanville et ses 12 ans de retard.
"Typiquement le site de Flamanville était un peu plus étriqué donc on a besoin [sur le site de Dieppe] d'avoir une extension. Cette extension [on la fait] en mer. Au niveau des constructions, pour que les ouvriers, les ingénieurs et les techniciens aient de la place pour travailler quand on sera dans la phase de construction des EPR2. Tous ces aspects logistiques sont majeurs pour garantir le fait que ça se passe correctement", détaille Frédéric Hennion. Pour l'instant, 1 000 personnes œuvrent chaque jour sur ces travaux. Elles seront près de 10 000, au pic d'activité, si la construction des deux EPR2 est effectivement lancée.
Des ONG et des associations, comme Greenpeace et le Réseau sortir du nucléaire, dénoncent le début de ces travaux "préparatoires", avant l'autorisation de lancer le chantier de construction lui-même. Elles dénoncent "une relance du nucléaire à marche forcée".
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