: Reportage "Stop data centers" : à Marseille, un forum pour réfléchir sur l'impact énergétique des centres de données
Des chercheurs, des élus et des associations se réunissent samedi pour évoquer les risques que posent ces géantes fermes numériques qui stockent nos données. Ces structures se multiplient sur le territoire en raison notamment de l'utilisation croissante de l'IA.
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Faut-il réguler l'implantation des data centers, alors qu’Emmanuel Macron veut faciliter leur multiplication ? Le forum "Stop data centers" se tient samedi 15 mars à Marseille (Bouches-du-Rhône). Il réunit des chercheurs, des élus, des associations et des collectifs citoyens, pour réfléchir aux impacts de ces centres qui stockent nos données numériques : consommation d’eau, d’électricité, accaparement du foncier… Marseille, reliée au reste du monde par 18 câbles sous-marins de fibre, compte déjà cinq data centers et d’autres sont en construction. Ce qui fait de la ville l’un des principaux "hubs" internet dans le monde.
Il faut prendre un peu de hauteur pour se rendre compte à quel point les data centers ont envahi Marseille, explique Max, membre du collectif Le Nuage était sous nos pieds, qui organise régulièrement des balades urbaines pour informer sur ces infrastructures. "Là, on surplombe le grand port maritime de Marseille, et on voit trois data centers qui appartiennent à Digital Realty, décrit-elle. Ce sont d'anciennes friches industrielles qui deviennent des data centers."
Ces fermes numériques, remplies d’ordinateurs, génèrent peu d’emplois, mais produisent beaucoup de chaleur, il faut donc beaucoup d’eau pour les refroidir, et beaucoup d’électricité pour les faire fonctionner. Anti, membre du même collectif, montre un bateau à quai devant les data centers, qui crache ses fumées noires sur la ville : "Les data centers sont à la croisée de plein d'accaparements, dont l'accaparement de l'électricité disponible, ce qui empêche notamment l'électrification des bateaux quand ils sont à quai."
Des besoins énergétiques amenés à décupler
Et les besoins en électricité des data centers ne vont faire qu’augmenter, alerte Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille en charge de la transition écologique. "On n'est qu'au début de cette histoire parce que l'intelligence artificielle, telle qu'elle est prévue si on ne régule pas les usages, ce sont des besoins énergétiques dix fois plus gros pour ces infrastructures du numérique", explique-t-il.
"Si on additionne tous les projets de data centers, c'est plus que la consommation des habitants de la ville de Marseille."
Sébastien Barles, adjoint au maire en charge de la transition écologiqueà franceinfo
Sans compter qu'une entreprise américaine possède la majorité des data centers à Marseille, alors qu’ils abritent une partie des données numériques de l’État français, s’inquiète l’élu. "À Marseille, on est aujourd'hui dans une situation de quasi-monopole, avec une entreprise à capitaux américains, poursuit-il. C'est compliqué de dire que nos données souveraines, qu'on doit protéger, sont contrôlées, en tout cas mises dans des casiers qui sont dans une boîte américaine. On voit bien qu'il y a un enjeu avec la rupture des relations transatlantiques par Donald Trump."
Le forum Stop data centers organisée samedi à Marseille propose de réfléchir aux alternatives. La construction par exemple, explique l’adjoint au maire, de petits data centers pour abriter les données des agences de l’État ou des hôpitaux. Ils pourraient servir à chauffer des logements sociaux ou des piscines municipales.
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