"On va rebâtir quelque chose ici, redonner du beau" : la lente reconstruction d'Emmanuelle, éleveuse sinistrée de l'incendie dans l'Aude
Emmanuelle Bernier est éleveuse de brebis. Elle fait partie des victimes directes de des violents incendies qui ont dévasté le massif des Corbières dans l'Aude au début du mois d'août. Un mois après, le paysage témoigne de l'intensité du drame.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Emmanuelle Bernier est éleveuse à Fontjoncouse dans l'Aude. Il y a un mois, sa ferme et sa maison ont été totalement détruites dans l'incendie qui a ravagé le massif des Corbières. La mère de famille était en train de déménager dans une nouvelle habitation."Tu te souviens, là, il y avait la haie de cyprès, avec le grand tilleul qui nous faisait de l'ombre", indique-t-elle à sa fille alors qu'elle arpente son terrain. Soudain, elle retrouve son porte-clef dans les cendres : "On a trouvé la clef de la maison, du chalet, tu imagines ?", dit-elle à sa fille.
Pendant des jours, plus de 2 000 pompiers ont été mobilisés. Le feu a parcouru plus de 16 000 hectares. Aidée par des amis et des voisins, Emmanuelle fouille depuis une semaine dans les décombres pour tenter de sauver ce qui peut l'être encore, principalement du bois : "Ca fait mal au cœur de se dire, il y a de la matière, et on ne s'en empare pas. Et puis aussi, simplement, j'avais des clôtures en bois tout autour du chalet. Quoi qu'il en soit, on va rebâtir quelque chose ici, pour redonner du beau", explique l'éleveuse.
Un fonds d'indemnisation de 7 millions d'euros
La bergère a perdu 17 chèvres dans l'incendie, mais son troupeau de brebis, lui, a été mis à l'abri. "Ça fait deux semaines que je n'ai pas vu mes brebis, qui sont avec moi depuis 13 ans ici", dit-elle. Elles ont trouvé refuge chez Karine, une amie vigneronne. "C'est une manière d'agir quand on se sent impuissant, en fait. Face au feu comme ça, c'était notre manière à nous d'agir et d'essayer de se rendre un peu utile", souligne l'agricultrice.
En plus de l'élevage, Emmanuelle cultive des plantes aromatiques. Jusqu'à présent, son champ lui permettait de dégager un salaire mensuel de 500 euros. Il a été en partie épargné par le feu. "Je vais cueillir 10 kilos de romarin, c'est une commande de fromager. Et du coup, c'est la seule activité professionnelle qu'il me reste. Donc ça, j'y tiens et je vais me débrouiller pour que ça continue", indique-t-elle.
Comme les autres agriculteurs sinistrés, elle espère pouvoir bénéficier du fonds d'indemnisation de 7 millions d'euros, qui a été débloqué en urgence.
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