Sécheresse : le marais de Brière, frappé par une épidémie de botulisme, perd ses oiseaux

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Article rédigé par France 2 - T. Baïetto, M. Jaglin, C. Duon, G. Ripert, M. Kassou. Édité par l'agence 6médias
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De nombreux pêcheurs et amoureux du marais de la Brière, en Loire-Atlantique, lancent un cri d'alerte face à un constat macabre : des centaines de canards et d'autres espèces morts de botulisme. Parmi les causes avancées : la sécheresse et les faibles niveaux d'eau du marais.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Un marais désert, transformé en cimetière. Dans des sacs-poubelle, des oiseaux morts foudroyés par une épidémie de botulisme. "Du colvert, de la sarcelle et du souchet. Là, c'est la fin", énumère un bénévole. En quelques heures, ils ont ramassé 700 cadavres d'oiseaux, une hécatombe. "C'est malheureux. Malheureux pour nos enfants, pour nos petits-enfants, pour tout. Notre marais est carrément en train de mourir", déplore l'un d'eux.

"Moi, ce qui me choque le plus, c'est ce silence. On est rendu mi-juillet, donc on est en pleine période, on a la fin de la reproduction, on devrait avoir des oiseaux, on devrait avoir du chant dans tous les sens. Et là, malheureusement, c'est mortifère, il n'y a rien", commente Frédéric Richeux, président de l'Union des chasseurs de gibier d'eau de Grande Brière (Loire-Atlantique).

Manque d'oxygène dans l'eau et réchauffement

Comment expliquer cette épidémie de botulisme ? Actuellement, l'eau du marais manque d'oxygène et se réchauffe. Des conditions idéales pour la bactérie dont la prolifération est accélérée par la sécheresse et les fortes chaleurs.

"Regardez autour de vous, il n'y a plus de roseaux. On devrait avoir 2 mètres de roseaux autour de nous. Il n'y a plus rien. Ça, ce n'est pas normal", s'agace Éric Leguen, Briéron et usager du marais. Une conséquence du réchauffement climatique, mais aussi de la gestion du marais. Ici, le niveau de l'eau est régulièrement abaissé pour favoriser la culture de foin au grand dam des chasseurs et des pêcheurs.

"Entre les agriculteurs, les chasseurs, les pêcheurs, les coupeurs de roseaux, tout ce qu'on veut, ça a toujours été la même problématique. Au niveau de l'eau, personne n'est d'accord. Donc à partir de ce moment-là, c'est difficile à gérer. Il faut laisser la Brière telle qu'elle devrait l'être. C'est aux gens de s'adapter à la Brière, ce n'est pas la Brière de s'adapter aux gens", poursuit-il.

Une crise pour changer les règles ?

Pour le parc naturel régional, cette crise doit permettre de changer les règles. "On ne se réjouit bien sûr pas de cette situation. Mais en même temps, ces situations de crise permettent aussi à chacun de se rendre compte de l'ampleur de l'évolution, et de nous remettre autour de la table pour discuter à partir d'éléments nouveaux afin de ne pas rester dans les constats qu'on a pu faire il y a 10-20 ans, qui ne sont plus valables finalement aujourd'hui à la lueur de l'évolution climatique", réagit Éric Provost, le président du Parc naturel régional de Brière.

En attendant, les bénévoles se sentent bien seuls. Ils demandent à la préfecture la mise en place d'une cellule de crise. Les ramassages d'oiseaux se poursuivront jusqu'à l'automne pour tenter de freiner l'épidémie.

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