Un mort en Corse, des rafales jusqu'à 168 km/h, de nombreux foyers privés d'électricité : ce que l'on sait de la tempête Benjamin qui frappe la France

Ce "fort coup de vent" devait atteindre "une grande partie de la France" jeudi, avait averti Météo-France. Au total, 1 200 sapeurs-pompiers ont été mobilisés, 600 interventions ont eu lieu, selon le ministère de l'Intérieur.

Article rédigé par franceinfo
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Des vagues au port du Havre (Seine-Maritime), le 7 décembre 2024. (DENIS-HUOT MICHEL & CHRISTINE / HEMIS.FR / AFP)
Des vagues au port du Havre (Seine-Maritime), le 7 décembre 2024. (DENIS-HUOT MICHEL & CHRISTINE / HEMIS.FR / AFP)

La France face à la tempête Benjamin. Jusqu'à 19 départements ont été en vigilance orange en raison des vents violents, "pluie-inondation" ou "vagues-submersion", jeudi 23 octobre. Ils n'étaient plus que deux à 18 heures, selon le bulletin de Météo-France.

Météo-France avait anticipé un "vent fort sur une grande partie du pays", notamment de "violentes rafales de vent et fortes vagues associées sur la façade atlantique et le littoral de la Manche". Franceinfo fait le point sur le phénomène.

Jusqu'à 19 départements en alerte orange

Dix-neuf départements français et Andorre avaient été placés en vigilance orange jeudi en raison du passage de la tempête Benjamin. Pour la vigilance orange pour vents violents, étaient concernés les Alpes-Maritimes, l'Aude, la Charente, la Charente-Maritime, la Corrèze, la Gironde, les Landes, la Manche, le Nord, le Pas-de-Calais, les Pyrénées-Atlantiques, les Pyrénées-Orientales, les Deux-Sèvres, la Somme, la Vendée, la Haute-Corse et la Corse-du-Sud. 

La Corrèze avait été également placée en alerte orange "pluie-indondation", tout comme le Cantal. La Seine-Maritime avait quant à elle été en vigilance orange "vagues-submersion".

A 18 heures jeudi, seuls les deux départements de Corse restaient en alerte orange en raison de vents violents.

Un mort en Corse, sept blessés dans le Sud-Ouest

Un vacancier allemand âgé de 45 ans a été retrouvé mort jeudi après-midi après avoir été emporté par la crue de la rivière du Fango dans la commune de Galeria (Haute-Corse), ont annoncé les pompiers. La victime se baignait avec sa femme et ses deux enfants lorsqu'ils ont été emportés par la montée rapide des eaux.

Dans le Sud-Ouest, des chutes d'arbres ont fait plusieurs blessés. A Royan (Charente-Maritime), trois passagers d'une voiture ont été très légèrement blessés, d'après la préfecture. Non loin de là, en Charente, une branche a légèrement blessé une animatrice de 26 ans dans un centre de vacances d'Eymouthiers. Elle a été conduite à l'hôpital d'Angoulême.

En Gironde, à Lormont, un conducteur de bus a également été légèrement blessé à la suite d'une chute d'arbre. Près de Bordeaux, une sapeuse-pompière a glissé en escaladant une échelle coulissante lors d'une intervention et a fait une chute de deux à trois mètres. Elle a été blessée "sérieusement" et hospitalisée, mais "ses jours ne sont pas en danger", assure le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez. Dans l'Hérault, un homme de 20 ans a touché une ligne à haute tension après avoir a perdu l'équilibre à cause du vent, alors qu'il était sur un échafaudage pour des travaux de rénovation. Ses jours ne sont pas en danger.

Au total, 1 200 sapeurs-pompiers ont été mobilisés, 600 interventions ont eu lieu, selon Laurent Nuñez.

Un "fort coup de vent" touchant "une grande partie de la France"

Venue des îles Britanniques, "mercredi soir, la tempête 'Benjamin' se creuse en entrée de Manche et occasionne de violentes rafales et de fortes vagues à la côte lors de son passage dès la fin de nuit de mercredi à jeudi sur la façade atlantique, ainsi que sur le littoral de la Manche", avait prévenu Météo-France. 

Ce "fort coup de vent" devait atteindre "une grande partie de la France" jeudi, avait expliqué l'organisme météorologique sur son site. "Les régions limitrophes de la Manche depuis le nord-Bretagne jusqu'au Nord-Pas-de-Calais, ainsi que l'ensemble de la façade atlantique, puis les régions méditerranéennes du Roussillon à la côte d'Azur et la Corse" sont particulièrement mentionnés. "L'intérieur des terres sera aussi concerné par ce vent fort."

Des rafales "de 100 à 120 km/h" pour "la majorité des régions"

"Sur la majorité des régions, le vent de secteur ouest souffle en rafales de 100 à 120 km/h voire localement 130 km/h sur le littoral, et jusqu'à 90 à 110 km/h dans l'intérieur des terres", prévient jeudi matin Météo-France, ajoutant que "cela se calme progressivement dans l'après-midi de jeudi". "Dans le domaine de la Tramontane, le vent se renforce rapidement sur le Narbonnais, les Corbières et les plaines des Pyrénées-Orientales. Les rafales sont de l'ordre de 100 à 130 km/h", mais le vent "faiblit" jeudi après-midi, ajoute Météo-France. En Corse, des rafales pouvant atteindre 160 à 170 km/h sont attendues sur le Cap Corse, tout comme des vents de 130 à 140 km/h "sur le relief et les versants orientaux".

L'institut météorologique a relevé des pointes à 116 km/h à Sainte-Marie-des-Monts (Manche), 119 km/h à Vernines (Puy-de-Dôme), 142 km/h à Saint-Clément-des-Baleines sur l'île de Ré (Charente-Maritime), 132 km/h au Cap-Ferret (Gironde) et 120 à 130 km/h à Biscarosse (Landes) et Ciboure (Pyrénées-Atlantiques). Une rafale de 136 km/h a également été recensée au cap de la Hève, au Havre, et une autre de 161 km/h à Fécamp (Seine-Maritime), rapporte ICI Normandie. En fin de matinée, Météo-France a également rapporté des rafales à 168 km/h à Cagnano (dans le Cap Corse).

Ces vents "génèrent et entretiennent de fortes vagues d'Ouest à Nord-ouest sur tout le littoral de la façade atlantique, de la Manche et du sud de la mer du Nord", prévient Météo-France. L'organisme ajoute néanmoins que "les niveaux marins baissent".

Une possible "bombe météorologique"

Interrogé mardi par Le Parisien, le météorologue Patrick Marlière estimait que "cela fait longtemps qu'on n'a pas vu une telle intensité à ce moment-là de l'année". "Il y a une possibilité que cela devienne une bombe météorologique". Comme l'expliquait France 3 Normandie au moment de la tempête Ewyn, en janvier, ce phénomène se caractérise par des dépressions évoluant très vite et se déplaçant à grande vitesse. Il engendre notamment des vents particulièrement violents.

Les autorités appellent à "éviter de sortir de chez soi"

Alors que les risques liés aux bourrasques, aux vagues et aux inondations sont importants, plusieurs maires et représentants de collectivités ont diffusé des messages de prudence. Le maire de Cherbourg-en-Cotentin (Manche), Benoît Arrivé, conseille sur franceinfo d'"éviter de sortir de chez soi" en cas de vents violents. Par précaution, "la ville a fermé les parcs et jardins", précise le maire, et "les stades de foot sont aussi fermés".

Les plaisanciers et les usagers de la mer doivent également "reporter leur sortie" face à la tempête Benjamin, prévient Guillaume Le Rasle, porte-parole du préfet maritime de l’Atlantique. "Notre objectif, c'est vraiment de minimiser la prise de risque", dit-il, "la mer va être très creuse" et les vents très forts et froids. Une attention particulière est portée au sud du golfe de Gascogne, au large de Bayonne, "c'est là qu'on va avoir les rafales de vent les plus violentes", détaille-t-il.

Le président de l'agglomération de La Rochelle, Jean-François Fountaine, a également habité les habitants à éviter "de se déplacer" ce jeudi, "vers 8h", face aux vents violents qui doivent frapper la zone. "On aura des chutes d'arbres, c'est ça qui nous inquiète le plus", ajoute l'élu.

Des trains TER supprimés dans plusieurs régions

Face à la tempête, la SNCF a annoncé que la circulation des trains TER serait suspendue sur certaines lignes jeudi, et que les vitesses de circulation seraient réduites sur d'autres. Les trains à grande vitesse doivent circuler, mais "ces conditions météorologiques pourraient perturber la circulation de vos trains", prévient la SNCF. La compagnie invite les voyageurs à vérifier l'état de la circulation avant de se rendre en gare. Plusieurs TGV ont déjà été supprimés ou leur terminus modifié jeudi matin au départ de Paris, du fait des vents violents.

Pour la Normandie, la SNCF précise qu'un "stop circulation est en cours pour toute la journée" jeudi du fait des intempéries, et ce, "sur la quasi-totalité des lignes normandes". Seules exceptions : des lignes Paris-Rouen en train CITI, la ligne Paris-Vernon et la ligne Paris-Dreux-Argentan avec un aller-retour et une limitation de vitesse sur une partie du trajet. Le trafic restera très perturbé vendredi avec plusieurs suppressions attendues dans la région, prévient la SNCF. Dans l'Ouest, la ligne Rennes-Nantes est la plus perturbée du réseau, avec une vingtaine de trains supprimés jeudi matin. La ligne TER Brest-Quimper-Nantes est également fortement perturbée.

En Nouvelle-Aquitaine, la circulation est interrompue sur "de nombreuses lignes", et ce "sans substitution routière durant toute la journée", rapporte la SNCF. Une interruption totale du trafic est aussi prévue sur plusieurs lignes d'Occitanie, notamment entre Toulouse et Aurillac, ou encore entre Alès et Gènolhac. Le trafic est par ailleurs "fortement perturbé dans les deux sens de circulation" pour certaines lignes des Pays de la Loire, en particulier Nantes-Pornic, Nantes-Les Sables d'Olonne, Nantes-La Rochelle ou encore Nantes-Saint-Nazaire.

Près de 140 000 foyers privés d'électricité jeudi matin

Du fait de la tempête, environ 140 000 foyers étaient privés d'électricité en France jeudi en fin de matinée, selon les chiffres d'Enedis. Le gestionnaire fait était de 45 000 foyers privés de courant en Nouvelle-Aquitaine, région la plus touchée. Sur franceinfo, ce jeudi après-midi, le préfet de Charente-Maritime a fait était de 5 000 foyers privés de courant, contre 12 000 au plus haut de la tempête. Enedis en a par ailleurs dénombré 35 000 en Auvergne-Rhône-Alpes, 15 000 en Bourgogne-Franche-Comté et 15 000 en Occitanie.

"Plus de 1 000 techniciens sont mobilisés pour rétablir l’alimentation électrique dès que les conditions le permettent", affirmait jeudi matin Enedis.

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