Les incendies de forêts vont "constituer une menace importante dans le sud de la France", analyse un climatologue

"Le feu va constituer une menace importante dans le sud de la France", analyse dimanche 17 août sur franceinfo le climatologue Aurélien Ribes, chercheur au CNRM-GAME. "Il va s'étendre à d'autres régions françaises moins habituées à ce type de sinistres, comme le Nord", précise-t-il. Selon lui, "le réchauffement du climat joue un rôle important dans l'augmentation des risques de feux majeurs tels que ceux qu'on observe cette année et qu'on a observés précédemment dans d'autres pays et d'autres régions du monde".

Le climatologue avance que "le changement climatique joue à plusieurs égards, à commencer par la température. L'Espagne subit actuellement une vague de chaleur tout à fait remarquable, en durée et en intensité, avec des températures qui dépassent 45°C. Le sud de la France a été concerné par ce même événement. Il joue aussi sur l'augmentation de l'évaporation et de l'évapotranspiration des plantes et de la végétation en général, qui pompent plus vite avec une température plus élevée l'eau disponible dans le sol. Ca se traduit in fine par une moindre disponibilité de l'eau en surface, et donc une végétation plus sèche en périodes de fortes chaleurs. Ce sont des conditions très propices aux feux."

Aurélien Ribes ajoute qu'à certaines occasions, "viennent se surajouter des vents forts, qui ne sont pas forcément plus forts du fait du changement climatique". Ce fut notamment le cas en Grèce cette année. "On connaît les tendances climatiques en cours : on sait que les émissions de gaz à effet de serre planétaires continuent d'augmenter, ce qui signifie que le réchauffement continue de s'intensifier, de s'accroître. En lien avec ce réchauffement, les risques de feux, les risques de rencontrer simultanément des températures très élevées, une humidité dans l'air très bass et une végétation très sèche s'accroissent pour chaque degré, chaque tonne de CO2 émise", explique le chercheur.

Diminuer les émissions de gaz à effet de serre

Il faut selon lui "être conscients de cette évolution et essayer de l'anticiper, de s'y adapter". "On est à 1,9°C de réchauffement d'origine anthropique en France, un réchauffement qui s'accroît d'environ 0,4°C par décennie. On observe une multiplication des dépassements du seuil de 40°C en France, des seuils très rarement atteints au XXe siècle mais qui l'étaient en Espagne par exemple. On a donc déjà en partie des conditions qui tendent à se rapprocher de celles qu'on observe de l'autre côté des Pyrénées", alerte-t-il.

Pour atténuer le phénomène, "un certain nombre de méthodes" existent, mais la priorité selon lui est de "diminuer l'émission de gaz à effet de serre" au moyen de plusieurs leviers activables, notamment "la décarbonation de l'énergie. Si on n'y parvient pas, voilà ce qui se passe déjà et ce qui va continuer à se passer", s'alarme le climatologue.