"On a des arbres avec des problèmes de croissance" : les forêts aussi souffrent des températures élevées
La vague de chaleur se poursuit en France. Des Pyrénées-Orientales aux Bouches-du-Rhône, plusieurs départements sont toujours en risque "très élevé" de feux de forêts. La canicule laisse des traces sur les arbres.
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Dès les 35 degrés atteints, les arbres commencent à souffrir. Six départements sont toujours concernés par un risque de feu de forêts élevé, dimanche 17 août. Même sans flamme, les températures élevées n'épargnent pas les arbres. La photosynthèse devient compliquée et peut même s'arrêter, explique Yann Vitasse, chercheur à l'Institut de recherche sur la forêt à Zurich en Suisse. "Il n'y a plus d'assimilation de carbone. Il n'y a plus de croissance. Il y a beaucoup de choses qui physiologiquement s'arrêtent. C'est comme si c'était une dormance imposée par l'arbre. Il doit dissiper au maximum la chaleur accumulée dans ses feuilles pour essayer de causer le moins de dommages possible."
C'est à partir de 40 degrés que l'arbre est en danger, note ce spécialiste. "Au-delà de cette température, les feuilles brûlent, littéralement, car l'arbre transpire moins pour conserver l'eau. La chaleur va accentuer la sécheresse du sol parce qu'on n'a plus d'évaporation au niveau du sol et de transpiration des végétaux. On n'a plus d'alimentation en eau et certaines branches commencent à tomber." Cet impact de la chaleur se constate visuellement avec des feuilles qui brunissent ou qui parfois vont jusqu'à tomber au sol en plein été.
"Tout cela peut aller jusqu'à la mort de l'arbre."
Yann Vitasse, chercheur à l'Institut de recherche sur la forêtà franceinfo
"La capacité d'adaptation n'est pas assez suffisante par rapport à la vitesse du changement climatique actuel"
D'après l'Office national des forêts, la surface de forêt dépérissante est passée de 300 000 à près d'un million d'hectares entre 2017 et 2022. Les arbres en mauvaise santé sont des arbres vulnérables face aux ravageurs. Ils peuvent être attaqués par des scolytes. Ces insectes rongent le bois et gagnent du terrain, notamment dans les forêts de l'Est de la France en raison des sécheresses à répétition. "C'est inquiétant, estime le chercheur Yann Vitasse. C'est un phénomène de plus en plus important avec des sécheresses en 2018, 2022 et maintenant en 2025. On a des arbres avec des problèmes de croissance en plaine. La capacité d'adaptation n'est pas assez suffisante par rapport à la vitesse du changement climatique actuel. C'est ça tout le problème."
Des forêts qui dépérissent, ce sont aussi des arbres qui absorbent moins de dioxyde de carbone et qui donc ne jouent plus leur rôle de régulateur du climat. Les forêts françaises ont ainsi absorbé deux fois moins de CO2 en une décennie.
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