: Reportage "C'est d'utilité publique en période de canicule" : à Lyon, des lieux de baignade indispensables, mais rares
La piscine du Rhône, en plein cœur du centre-ville, ne désemplit pas depuis le début de la vague de chaleur. La très forte affluence met en lumière le manque d’îlots de fraîcheur d’une ville très exposée aux effets du réchauffement climatique.
Dix mômes débarquent à l'entrée de la piscine du Rhône. Le plus petit n'a pas 3 ans, le plus grand approche la dizaine et Magali Serrano commence à paniquer. "Excusez-moi, ils sont à vous les enfants ?", lance la responsable du centre nautique Tony Bertrand. Trois femmes s'avancent à l'entrée et récupèrent la bande, sous le regard des deux policiers municipaux venus passer une tête pour s'assurer "que tout se passe bien".
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À l'extérieur, des centaines de personnes patientent sous la fournaise lyonnaise. La température flirte avec les 37°C à l'ombre à 15h30, mercredi 23 août, en ce deuxième jour de vigilance rouge à la canicule pour le département. La piscine du Rhône, située au cœur de Lyon, est l'une des quatre seules ouvertes dans la ville de 500 000 habitants en ce mois d'août. Et la chaleur se ressent sur la fréquentation : 3 700 entrées mercredi, contre 2 000 en temps normal. Les familles, les jeunes, les habitués et même les touristes viennent profiter des deux grands bassins extérieurs et de leur vue imprenable sur le Rhône juste à côté.
Avec la chaleur, "il peut y avoir plus de tensions, reconnaît Magali Serrano. Les gens attendent une heure dans la file, parfois deux. Certains font même des malaises, explique la responsable dans son bureau qui donne sur la piscine et le fleuve. Ils sont en quête de fraîcheur, notamment ceux qui vivent dans des appartements."
Issa et Kylian habitent à côté, dans le 7e arrondissement. Le premier profite d'une journée "sans foot" pour aller faire quelques plongeons, l'autre "s'ennuie chez lui" et les deux adolescents "crèvent de chaud." Véronique aussi. Son appartement n'est pas adapté face aux fortes chaleurs. Alors cette dame, glacière sur le dos, est venue avec sa petite-fille depuis Vénissieux, à une demi-heure en transports en commun. "Je n'ai pas de piscine plus près", regrette celle qui ne compte pas passer "beaucoup de temps sur la serviette [au soleil]".
Piscines fermées et pénurie de maîtres-nageurs
Sur le chemin du retour de leurs vacances passées dans les Pyrénées, une famille allemande avait prévu de passer deux jours à Lyon pour visiter la ville. Après une matinée du côté de la basilique Notre-Dame de Fourvière, dans le Vieux-Lyon, les trois enfants ont convaincu Barbara et son mari de passer l'après-midi au frais. "Quand on a vu la piscine dans notre guide, on n'a pas hésité. Et puis, c'est quand même exceptionnel avec le Rhône derrière", s'émerveille la Berlinoise.
Ces cinq Allemands devront quand même payer plusieurs dizaines d'euros pour profiter du cadre (8 euros l'entrée, 5,50 euros en tarif réduit), la mairie n'ayant pas décidé de rendre l'accès aux piscines gratuit pendant la canicule, comme à Marseille et d'autres villes, en raison d'une pénurie de maîtres-nageurs et de surveillants de baignade.
"A Marseille, les gens peuvent aussi aller à la mer. Nous, on a la Rhône mais il est interdit à la baignade, répond Magali Serrano. Si on rendait les piscines gratuites, ce serait l'anarchie et on ne pourrait pas assurer la sécurité" à cause de la très forte affluence. La pénurie de personnel oblige d'ailleurs la mairie écologiste à fermer des établissements certains jours dans la semaine, comme les piscines d'été de Jean-Mermoz et de La Duchère, en périphérie.
Les deux maîtres-nageurs Peggy et Nicolas en conviennent : les piscines manquent à Lyon. "Ici, si on n'était pas limités en place, on pourrait faire trois fois plus d'entrées", avance la première. "On est dans une ville où on crève de chaud dans les logements, ces lieux de baignade sont d'utilité publique en période de canicule", abonde le second.
Des piscines dans le Rhône et la Saône à l'étude
Selon les prévisions du plan nature de la métropole lyonnaise, les températures pourraient se rapprocher de celles de Madrid d'ici 2050 et d'Alger avant la fin du siècle en raison du réchauffement climatique. Pour limiter ses effets, la métropole et la municipalité veulent redéfinir l'usage des deux fleuves de Lyon et de leurs rives. L'installation de bassins de baignade dans le Rhône et la Saône est à l'étude et le projet pourrait voir le jour d'ici 2026.
Une idée qui ne fait pas encore l'unanimité à Lyon – le Rhône et la Saône ont la réputation d'être sales et pollués – mais qui plaît à Michel Pakloglou, qui ressort du Rhône après avoir nagé trois kilomètres. Lunettes, combinaison, bouée de signalisation jaune : l'homme est équipé. "C'est un bonheur, je me suis même fait bouffer les pieds par les poissons", s'amuse-t-il.
Michel se prépare pour une compétition dans le Rhône, début septembre. Il espère y nager avec sa fille, qui n'a pas l'air emballée par l'idée. "Il est fou", maugrée Athéna, qui trouve dangereux de se baigner dans le fleuve, avec les bateaux qui naviguent et "la pollution". Son père, qui organise la Run in Lyon (un événement de course à pied réputé à Lyon), y voit un enjeu de santé publique. "Il faut que les élus prennent conscience qu'on doit s'approprier les fleuves." Il fait un vœu : que les enfants de sa fille puissent s'y baigner un jour. Pour désengorger les piscines.
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