Vrai ou faux Est-il prouvé que la climatisation est "nocive pour l'écologie" ?

Contrairement à ce qu'a affirmé le député Rassemblement national du Gard Yoann Gillet, plusieurs études démontrent bel et bien que la climatisation a des conséquences sur l'environnement.

Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les climatiseurs et les ventilateurs représenteraient 10% de la consommation électrique mondiale, selon l'Agence internationale de l'énergie. (DAVID ROSSI / MAXPPP)
Les climatiseurs et les ventilateurs représenteraient 10% de la consommation électrique mondiale, selon l'Agence internationale de l'énergie. (DAVID ROSSI / MAXPPP)

Alors qu'il fait encore très chaud sur la majeure partie de l'hexagone, avec 75 départements en vigilance orange canicule, le sujet revient sur la table : faut-il mieux équiper la France en climatisation, malgré ses conséquences sur l'environnement ? Une question posée par le député Rassemblement national Yoann Gillet.

L'élu RN du Gard a rappelé, sur franceinfo, jeudi 14 août, que son parti réclame un grand plan d'équipement climatisation, notamment dans les écoles, les hôpitaux et les maisons de retraite. Pour défendre cette proposition, Yoann Gillet a avancé qu'"aucune étude scientifique montre que la climatisation est nocive pour l'écologie. Aucune."

Une affirmation fausse. La climatisation pollue bien et plusieurs études le prouvent comme, par exemple, celle de l'ADEME. L'Agence de la transition écologique dit dans sa dernière estimation que la climatisation en France a émis presque 4,5 millions de tonnes de CO2 en 2020. C'est quasiment 1% des émissions de gaz à effet du serre du pays cette année-là. Cela peut paraître peu mais en 2020 seulement un quart des logements et moins de la moitié des entreprises étaient équipées de climatiseurs.

Qu'est-ce qui pollue dans ce type d'appareils ?

D'abord, il y a la consommation électrique pour faire tourner les climatisations. Mais ce n'est pas ce qui pollue le plus. Le plus nocif pour l'environnement, ce sont les fluides frigorigènes - une sorte de gaz - qui se trouvent dans les climatiseurs. Une partie de ces fluides s'échappent de la machine, que ce soit au moment de sa construction, de son utilisation, ou en fin de vie. Et leur impact environnemental est important : les émissions de CO2 de ces fluides sont deux fois plus importantes que celles liées à la consommation électrique, selon l'Ademe.

Des climatisations partout, cela peut aussi créer des îlots de chaleurs en ville. En effet, en rejetant l'air chaud dehors, la température augmente à l'extérieur. Une étude du CNRS a même démontré qu'à Paris, la température de certaines rues peut augmenter de 0,5 degré à cause des climatiseurs installés dans les bâtiments.

Les progrès techniques peuvent-ils faire baisser l'impact environnemental de la climatisation ?

C'est même prévu par une directive européenne, transposé en droit français. D'ici quelques années, les fluides frigorigènes seront plus respectueux de l'environnement. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faudra davantage allumer les climatisations, c'est ce que disent l'ADEME et le Haut conseil pour le Climat. Ils recommandent dans les années à venir une "utilisation raisonnée" de la climatisation.

Il vaut mieux, selon ces organismes, rénover et adapter les bâtiments avec une meilleure isolation, de la ventilation, des volets, ou davantage de végétations à proximité pour créer de l'ombre et donc du frais.

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