Peut-on vraiment se passer de pesticides pour cultiver la betterave ? OnVousRépond Climat

Publié
Temps de lecture : 3min - vidéo : 1min
Article rédigé par Frédéric Vion
France Télévisions

Le débat est vif autour des pesticides : souvent néfastes pour la santé et l'environnement, ils sont considérés comme indispensables par une partie des agriculteurs pour cultiver certaines plantes. Qu'en est-il pour la betterave à sucre ?

Elle ne ressemble pas à la betterave rouge de nos salades : toute blanche, la betterave à sucre est un pan très important de notre agriculture. Et c'est particulièrement le cas dans la moitié nord du pays, où des plaines cultivées à perte de vue font de la France un des poids lourds du secteur depuis le règne de Napoléon.

C'est en effet au début du XIXe siècle que cette culture prit son envol en France, lorsque la guerre avec l'Angleterre avait coupé la route du sucre de canne venu des Antilles. Élément important de notre souveraineté alimentaire, elle permet donc de produire dans l'hexagone ce sucre si présent dans notre alimentation...

La question des néonicotinoïdes

Or, c'est précisément de notre santé qu'il s'agit lorsque des voix s'élèvent contre l'usage de certains pesticides : des scientifiques alertent sur les risques pour l'homme et l'environnement, tandis qu'une partie de la filière estime au contraire qu'il est impossible de se passer de ces substances chimiques, comme les néonicotinoïdes, sauf à perdre une grande partie de la production. Mais est-ce exact ?

Pour répondre à cette question, Aude Vialatte, directrice du laboratoire Dynafor au sein de l'Inrae, est nuancée : pour elle, il est bel et bien possible de cultiver des betteraves sans avoir recours à ces produits... « mais c'est une affaire complexe ! »

On sait rendre la vie compliquée aux pucerons et aux virus...

Aude Vialatte, directrice du laboratoire Dynafor

« Des travaux scientifiques auxquels j'ai participé en France montrent qu'on n'a pas une solution unique, mais un ensemble de solutions à mettre en place », précise la chercheuse. « On sait rendre la vie compliquée aux pucerons et aux virus, qui causent cette maladie qu'est la jaunisse de la betterave ».

Un premier élément est de diversifier les parcelles ». En effet, depuis l'après-guerre, beaucoup de haies ont été arrachées, afin de former d'immenses parcelles agricoles d'une seule et même culture, plus faciles à travailler avec des engins lourds.

Vers d'autres pratiques agricoles ?

Or ce système a beaucoup d'inconvénients, notamment la propagation des maladies. Il faudrait donc, à l'inverse, « qu'on mélange betterave et avoine, car l'avoine masque la betterave aux yeux du puceron, qui a du mal à la trouver ». On peut aussi mélanger la betterave à « des cultures comme de l'orge ou du blé, qui ne permettent pas aux virus ni aux pucerons de se reproduire ».

Et bien sûr, « on peut planter des haies, qui vont abriter des insectes qui vont manger les pucerons dans les parcelles de betteraves ». Autrement dit, la directrice de laboratoire en appelle à d'autres pratiques agricoles que celles auxquelles nous sommes habitués : « c'est cette approche globale qui permet, aujourd'hui, d'y arriver sans pesticides ».

Une lutte d'autant plus cruciale que la betterave est aussi une source de production d'éthanol, donc de carburant pour véhicules qui, contrairement au pétrole, n'aggrave pas le réchauffement climatique...

Pour poser vous aussi votre question, c'est ici

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.