Quand les nappes phréatiques d'une région sont pleines, ne pourrait-on rediriger l'eau vers des régions en déficit ? OnVousRépond Climat

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Article rédigé par Frédéric Vion
France Télévisions

D'une année sur l'autre, les régions en alerte sécheresse se multiplient, mais d'autres restent tout de même bien arrosées. Serait-il techniquement possible d'approvisionner les zones sèches à partir de celles qui ne manquent pas d'eau ?

Avec le réchauffement climatique, les sécheresses sont de plus en plus nombreuses : selon Météo-France, leur fréquence a été multipliée par deux au niveau national depuis les années 1960, et même... par trois dans le Sud. Dès lors, de plus en plus de régions manquent d'eau, et dans les environs de Perpignan par exemple, la situation est même très préoccupante depuis de nombreuses années.

Peu de nappes phréatiques sont pleines

En septembre 2025, la carte du Bureau des recherches géologiques et minières colore ainsi la plus grande partie de la France en jaune ou en orange, c'est-à-dire que le niveau des nappes phréatiques y est moyen ou bas. Mais à l'inverse, il existe tout de même quelques rares zones en excédent : comme la Haute-Normandie, la Touraine ou surtout la Beauce.

Par conséquent, serait-il possible d'acheminer les prochaines pluies de ces régions excédentaires, qui n'en ont plus besoin, vers les régions en déficit ?

On devrait créer des canaux dans tous les sens !

Violaine Bault, hydrogéologue

La première question qui se pose est celle du captage des pluies. Le plus simple serait de puiser dans les cours d'eau des régions excédentaires. Seulement voilà, ce n'est pas parce que ces zones disposent de nappes phréatiques bien remplies que leurs cours d'eau sont forcément hauts : les nappes ont pu se remplir il y a plusieurs mois, mais une sécheresse récente peut avoir vidé les rivières.

Deuxièmement, se pose le problème de l'acheminement. Comme le rappelle Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM, « on devrait créer des infrastructures, des pipelines, des canaux dans tous les sens en France, donc ce serait difficilement gérable ! » D'autant que l'année suivante, « c'est peut-être une situation inverse qui se produira », autrement dit la nappe des régions sèches se sera remplie naturellement et celle des régions humides se sera vidée... rendant toutes ces lourdes installations inutiles !

Mieux vaut s'adapter

Par ailleurs, précise la scientifique, « avec le réchauffement climatique, on va probablement voir de plus en plus de sécheresses » en France, toutes régions confondues. « Donc il est plus raisonnable de s'adapter » à cette rareté de l'eau, en faisant par exemple des choix agricoles de plantes n'ayant pas besoin d'irrigation.

Ainsi le maïs, qui sert surtout à nourrir le bétail, est régulièrement accusé de consommer trop d'eau. Certains voudraient donc le remplacer par le sorgho... mais des agriculteurs reprochent à ce dernier d'être moins rentable étant donné la faible demande actuelle. Des recherches sont aussi actuellement menées sur d'autres plantes fourragères. Quant au choix de votre garde-robe, sachez que le lin, cultivé en France, ne nécessite pas d'irrigation, au contraire du coton qui ruine les écosystèmes des pays dont nous l'importons...

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