Reportage "On protège l'eau pour les Parisiens" : en Seine-et-Marne, des agriculteurs payés pour utiliser moins de pesticides

Article rédigé par franceinfo
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David Tourte, agriculteur et Léa Ligonnière, chargée de mission agriculture et territoire à Eau de Paris. (EDOUARD MARGUIER / RADIO FRANCE)
David Tourte, agriculteur et Léa Ligonnière, chargée de mission agriculture et territoire à Eau de Paris. (EDOUARD MARGUIER / RADIO FRANCE)

La régie Eau de Paris verse un paiement d'une centaine d'euros par hectare à des agriculteurs pour lutter contre la pollution des sols et des nappes phréatiques. 115 agriculteurs sont engagés dans ce dispositif lancé en 2020.

Peut-on boire l'eau du robinet sans risque ? Il existe des procédures de traitement et de contrôle très strictes. Pour avoir l'eau la plus pure possible, le mieux est d'éviter les pollutions. Paris en fait un objectif pour ses trois millions de consommateurs. La régie Eau de Paris, qui gère la qualité de l'eau du captage au robinet, paye les agriculteurs volontaires installés dans les zones de captage pour mettre moins de pesticides.

Dans ce champ de céréales, dans le sud de la Seine-et-Marne, il y a moins de pesticides qu'ailleurs. "On a baissé de 70% la pression d'application des produits phytosanitaires", lance David Tourte. Installé près de Nemours, cet agriculteur applique cette règle sur toute son exploitation depuis deux ans. "Sur toute la ferme, les 130 hectares, précise-t-il. Aussi bien les prairies que les céréales. On protège l'eau pour les Parisiens. Eau de Paris nous accompagne techniquement et financièrement pour atteindre les objectifs."

Il reçoit un paiement pour services environnementaux d'une centaine d'euros par hectare, soit 13 000 euros environ chaque année, qu'il utilise par exemple ici pour acheter une machine capable de remplacer les herbicides. "On a passé la herse étrille, raconte-t-il. Ce sont des doigts qui passent et qui enlèvent les petites herbes dans les céréales, et on n'a pas utilisé de produits." 

Près de 20 000 hectares déjà protégés

En échange, il accepte d'être contrôlé, car il doit tenir ses objectifs pour recevoir de l'argent public. Léa Ligonnière, chargée de mission agriculture pour Eau de Paris, lui rend visite régulièrement, car l'eau qui s'infiltre ici se retrouve vite dans les usines de traitement d'eau souterraine. "On est à Nanteau-sur-Lunain, à peu près à une dizaine de kilomètres de Villemer, où on a les captages de Villemer et Villeron. David est à 100% dans la zone", relève-t-elle.

La voiture de Léa Ligonnière, chargée de mission agriculture pour Eau de Paris, devant l'exploitation de David Tourte, près de Nemours (Seine-et-Marne). (EDOUARD MARGUIER / RADIO FRANCE)
La voiture de Léa Ligonnière, chargée de mission agriculture pour Eau de Paris, devant l'exploitation de David Tourte, près de Nemours (Seine-et-Marne). (EDOUARD MARGUIER / RADIO FRANCE)

Ils sont 115 agriculteurs, comme David Tourte, à être engagés dans le dispositif lancé en 2020. Cela permet de protéger 20 000 hectares. La surface peut paraître modeste par rapport aux 240 000 hectares concernés par les zones de captage. "On cible ce qu'on appelle les zones d'infiltration prioritaires, qui sont des surfaces sur lesquelles on sait que ce qui se passe en haut, au niveau du sol, des champs, va se retrouver en bas, explique Benjamin Gestin, le directeur général d'Eau de Paris. En clair, si vous mettez une tonne de produits en haut, on va les trouver rapidement dans la nappe phréatique et dans les eaux qu'on va puiser pour faire de l'eau potable."

"En termes de qualité d'eau, on commence à voir une amélioration des qualités d'eau brute avec moins de pics de pollution."

Benjamin Gestin, directeur général d'Eau de Paris

à franceinfo

Le programme est doté d'un budget de 47 millions d'euros sur dix ans, de l'argent bien investi, selon lui. "À terme, le but est de réduire les traitements, notamment de réduire les quantités de produits qu'on utilise pour traiter l'eau, poursuit-il. C'est ce qu'on arrive déjà à faire sur certaines aires de captage."

Objectif à l'avenir : doubler la surface protégée. Il faudra donc convaincre d'autres agriculteurs bio et conventionnels de s'engager.

En Seine-et-Marne, des agriculteurs payés pour utiliser moins de pesticides. Le reportage d'Edouard Marguier

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