Éoliennes en mer : 228 substances chimiques susceptibles d'être émises dans l'eau, dont 62 considérées comme préoccupantes pour l'environnement, selon une étude
Ces substances proviennent essentiellement des systèmes anticorrosion et des peintures et pourraient s'avérer toxiques pour l'écosystème marin.
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Les éoliennes offshore - en pleine mer - sont susceptibles d'émettre des substances chimiques dans l'eau, selon une étude européenne publiée dans la revue Marine Pollution Bulletin, que France Inter a pu consulter dimanche 31 août.
Alors que les parcs d'éoliennes en mer se développent partout dans le monde, des chercheurs se sont penchés sur un risque de pollution méconnue du milieu marin. Plus de 200 substances potentielles ont été identifiées. Dans 70 % des cas, elles sont liées notamment à l'usage de produits anticorrosion, mais aussi à des huiles et lubrifiants nécessaires à l'exploitation dans 10 % des cas. Les chercheurs ont établi cette liste en passant en revue les études existantes et les documents techniques sur les éoliennes.
"Une première alerte"
Sur ces 228 substances chimiques susceptibles d'être rejetées par les parcs éoliens en mer, 62 sont considérées comme préoccupantes pour l'environnement. Ces substances proviennent surtout des systèmes anticorrosion et des peintures, comme l'explique Javier Castro Jimenez, chercheur à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) : "Les milieux marins sont très corrosifs par rapport à la salinité de l'eau. Toutes les infrastructures sont protégées avec des systèmes anticorrosion". Il estime que cette étude "est une première alerte sur le fait que les éoliennes peuvent émettre des substances chimiques".
"Ces substances pourraient être potentiellement toxiques, persistantes, perturbatrices endocriniennes, cancérigènes ou bioaccumulables", précise l'étude de l'Ifremer qui souligne que "des recherches complémentaires sont nécessaires pour déterminer les quantités effectivement rejetées par les parcs éoliens et leurs impacts sur le milieu marin".
Des prélèvements prévus
Pour le vérifier, les chercheurs vont donc maintenant effectuer des prélèvements dans l'eau dans des parcs d'éoliennes. Pour David Vanavermaete de l’Institut belge de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation - qui a coordonné l'étude - on manque de données sur ce risque de contamination : "On manque de connaissances, de vraiment savoir à quel point ces contaminations peuvent être mesurées en mer".
Selon lui, ce manque de connaissance empêche d'avoir un règlement à jour : "Automatiquement, le règlement d'aujourd'hui ne va pas être au point pour les produits chimiques". Pour l'instant, la réglementation sur ces substances varie d'un pays à l'autre. Elle est par exemple plus stricte en Allemagne qu'en France.
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