: Vidéo "Complément d'enquête" révèle comment le chantier du Grand Paris contourne la réglementation pour stocker des terres polluées
La gestion du titanesque chantier du Grand Paris Express se voudrait exemplaire. Pourtant, "Complément d'enquête" a découvert des pratiques pas toujours rigoureuses, voire frauduleuses, chez certains opérateurs en charge des terres excavées.
Pour construire le Grand Paris Express, ses 200 km de lignes de métro et ses 68 gares, le chantier est titanesque : ce sont pas moins de 43 millions de tonnes de terre qui doivent être excavées. Une partie de ces terres transite par des ports implantés le long de la Seine, où elles sont triées avant d'être expédiées vers des sites de stockage adaptés. Le tri doit distinguer les terres inertes des terres polluées, par exemple au sulfate (nocif pour l'homme dans l'eau potable).
Sur le site de Gennevilliers, selon un protagoniste du port filmé en caméra cachée, ce tri est loin d'être rigoureux. "Je peux vous dire une chose : ce n'est pas de la terre inerte, ce n'est pas possible, affirme-t-il. Ce n'est que de la terre sulfatée." Le chargement de dizaines de camions est mélangé "dans un même casier qui fait 2 000 tonnes", expose-t-il.
"Ils prennent un échantillon au hasard, et si ça ne leur plaît pas, ils prennent un peu de l'autre côté du tas, ils font une analyse, et puis c'est bon..."
Un informateurà "Complément d'enquête"
Pour contourner la réglementation, certains opérateurs iraient donc jusqu'à modifier le résultat de leurs analyses...
L'informateur de "Complément d'enquête" a mis les journalistes sur la piste d'une barge qui doit quitter le port en direction de la Normandie. Elle transporte 2 000 tonnes de terres officiellement inertes. Des terres avec 1 800 mg de sulfate par kilo, selon les analyses fournies par l'opérateur. Un taux un peu au-dessus des normes, mais toléré par les autorités pour les décharges de terre inerte, et sans risque pour l'environnement.
Les journalistes ont pisté cette péniche grâce au système de suivi GPS de la marine marchande. Ils la retrouvent amarrée au port industriel de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, au sud de Rouen. La terre venue de Gennevilliers est déchargée dans des remorques de tracteur, pour finir à 650 mètres de là, dans le lac d'une ancienne carrière. Son propriétaire a obtenu l'autorisation d'y déverser plus de 650 000 tonnes de terre strictement inerte. Car le site est sensible : il jouxte la Seine et ses nappes phréatiques.
Un taux de sulfate cinq fois supérieur aux analyses de départ
Les journalistes ont prélevé un échantillon sur ce tas provenant de la barge qu'ils ont suivie. Ils l'ont envoyé dans un laboratoire d'analyses agréé, le même que celui de l'opérateur du site de Gennevilliers. Le résultat est très différent des données qu'il avait fournies : le taux de sulfate est 5 fois supérieur aux analyses de départ, et près de 9 fois au-dessus de la norme en vigueur. Si ces terres avaient été envoyées au bon endroit, leur stockage aurait coûté deux fois plus cher...
Devant les résultats de cette enquête, l'un des responsables de la Société du Grand Paris, Bernard Cathelain, se dit conscient des risques d'abus potentiels et met en avant les garanties prévues : un système de suivi GPS des camions et des barges de déchets unique en Europe. Mais ce système repose en partie sur la confiance dans les opérateurs chargés de trier les terres... "S'il y a dans la chaîne des abus ou des déclarations mensongères, nous ferons les recours nécessaires, mais aujourd'hui, nous n'avons aucune alerte de ce genre", assure-t-il.
Extrait de "Déchets : le sale business français", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 25 mars 2021.
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