Trois questions sur les mini-forêts, présentées comme une solution pour préserver la biodiversité en ville

Option de végétalisation en vogue, la mini-forêt séduit par son adaptabilité et sa vitesse de pousse. Faut-il pour autant la généraliser ?

Article rédigé par Pauline Vallée
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Option de végétalisation en vogue, la mini-forêt séduit par son adaptabilité et sa vitesse de pousse. Faut-il pour autant la généraliser ? (Laura Geiger et Paulin Viguier)
Option de végétalisation en vogue, la mini-forêt séduit par son adaptabilité et sa vitesse de pousse. Faut-il pour autant la généraliser ? (Laura Geiger et Paulin Viguier)

Cet article a été publié une première fois en 2023 par le média Nowu, spécialisé en écologie.

Qu'est-ce qu'une mini-forêt ?

Une mini-forêt (ou micro-forêt, ou tiny forêt) est une forêt plantée selon la méthode Miyawaki, du nom du botaniste japonais Akira Miyawaki qui l’a mise au point. 

Cette méthode consiste à planter beaucoup d’arbres sur une petite surface, au moins 3 arbres par mètre carré. Ceux-ci doivent être issus d'au moins une trentaine d’essences différentes et être indigènes au milieu dans laquelle ils sont mis en terre.

Quels sont les avantages ?

Le premier avantage de la micro-forêt est sa petite superficie, comprise généralement entre 100 et 300 mètres carrés. Nul besoin de raser un quartier entier pour en créer une, l’idée est justement d’utiliser des zones inutilisées, comme des abords de route, un fond de cour de récréation, un bout de parking...

Plantées très près les uns des autres, les pousses d'arbres entrent en compétition pour capter la lumière du soleil, ce qui va accélérer leur vitesse de croissance. Une mini-forêt devient ainsi autonome en moins de 3 ans, contre des dizaines voire centaines d’années pour une forêt "classique".

"L’objectif de Miyawaki, en concevant sa méthode, était de restaurer des sols pollués et y ramener de la biodiversité", explique Sophie Leguil, écologue et fondatrice du projet More Than Weeds.

La mini-forêt est un terrain d'accueil idéal pour la biodiversité, particulièrement en ville. En étudiant onze mini-forêts au Pays-Bas entre 2017 et 2020, des volontaires néerlandais ont découvert qu'elles contenaient entre 71 et 240 espèces animales différentes et entre 23 et 134 espèces végétales.

La végétation de la mini-forêt absorbe également le bruit et régule les températures. L’été, elle fournit de l’ombre et de l’humidité. Les racines des plantes maintiennent le sol en place et absorbent l’excédent d’eau, ce qui permet, là encore en milieu urbain, de prévenir le risque d'inondation.

Si elle ne remplacera jamais une "vraie forêt" de plusieurs hectares, la micro-forêt reste une alternative intéressante pour désartificialiser une zone.

Quelles sont les limites ?

Bien que séduisant, le concept comporte encore des zones d'ombre. Quels sont ses effets concrets ? Un concept né au Japon peut-il se transposer tel quel dans d’autres pays où le climat est moins humide et/ou ensoleillé ?

Il existe encore très peu d’études scientifiques sur le sujet. En contrepied des conclusions de l’équipe volontaire de la Wageningen Environmental Research, une autre étude réalisée en Sardaigne en 2010 avance un résultat plus nuancé : au bout de 12 ans, la mini-forêt étudiée avait perdu 61 à 84% de ses arbres. L’expérience avait tout de même mieux réussi que d’autres méthodes traditionnelles de reforestation. La mini-forêt peut donc rester une option de végétalisation pertinente, même sous un climat méditerranéen.

"Le concept est aujourd'hui un peu détourné au profit des intérêts commerciaux. Planter une mini-forêt est un moyen pratique pour certaines entreprises et municipalités de cocher une case dans leur stratégie 'verte'."

Sophie Leguil

Il ne s’agit pas d’arrêter d’en planter, explique l’écologue, mais de bien comprendre le ou les objectifs derrière un projet de mini-forêt : biodiversité, absorption de CO2, sensibilisation du public…

Le concept peut être utilisé à des fins de greenwashing : une municipalité ou un organisme peut facilement se targuer d'avoir planté une trentaine d’arbres… alors que cela ne représente qu'une surface équivalente à une place de parking, et que beaucoup des spécimens plantés vont mourir au fil des années.

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