Euro 2025 : un suspense insensé en phase finale, le naufrage bleu, la ferveur suisse... Ce que l'on a aimé et moins aimé du tournoi

Après 26 jours de compétition, le championnat d'Europe a livre son verdict avec la deuxième victoire de suite de l'Angleterre, en finale contre l'Espagne aux tirs au but, dimanche à Bâle.

Article rédigé par Anaïs Brosseau, Gabriel Joly
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Chloe Kelly, Melvine Malard et Iman Beney lors de l'Euro. (AFP)
Chloe Kelly, Melvine Malard et Iman Beney lors de l'Euro. (AFP)

Clap de fin pour un Euro réussi en Suisse. Après la victoire de l'Angleterre en finale du tournoi contre l'Espagne (1-1, 3-1 t.a.b.), dimanche 27 juillet, le championnat d'Europe tire sa révérence. Si la nouvelle sortie des Bleues en quarts de finale, pour la huitième fois sur les neuf derniers tournois majeurs, a suscité une immense déception, la compétition a offert un beau suspense, battant également des records en termes d'affluence.

On a aimé

Le doublé d'une Angleterre portée par Kelly et Agyemang

C'est la victoire de la résilience pour l'Angleterre, devenue la deuxième nation à conserver son trophée après l'Allemagne. Sortie de sa poule derrière l'équipe de France, la sélection de Sarina Wiegman - la sélectionneure qui a remporté son troisième Euro de rang - n'aura mené qu'une seule minute sur 360, lors des trois matchs de sa phase finale. A chaque fois, les Lionesses ont été menées mais sont parvenues à revenir dans la partie pour accrocher des prolongations grâce à leur banc.

Michelle Agyemang et Chloe Kelly, buteuses lors de la victoire de l'Angleterre contre l'Italie en demi-finales de l'Euro, le 22 juillet 2025 à Genève. (JOSE BRETON / AFP)
Michelle Agyemang et Chloe Kelly, buteuses lors de la victoire de l'Angleterre contre l'Italie en demi-finales de l'Euro, le 22 juillet 2025 à Genève. (JOSE BRETON / AFP)

Le visage de cette équipe restera le duo d'Arsenal Chloe Kelly-Michelle Agyemang. Si la seconde, jeune buteuse, a sauvé la patrie en égalisant contre la Suède (0-2 jusqu'à la 79e) et l'Italie (0-1 jusqu'à la 96e), la milieu offensive a été déterminante avec ses passes décisives, dont une en finale contre l'Espagne. Avant d'inscrire le tir au but du sacre, comme elle avait marqué le but du titre trois ans plus.

Les rebondissements d'une phase finale haletante

La phase de groupe avait été globalement décevante, reflétant une Europe toujours à deux vitesses dans le football féminin (premier Euro de l'histoire avec le sans-faute d'une équipe dans chaque poule). Mais les scénarios illisibles se sont multipliés ensuite, offrant un beau divertissement avec cinq prolongations en sept matchs à élimination directe. Forcément, l'Angleterre restera comme la reine du suspense. Mais la gardienne allemande, Ann-Katrin Berger, aura aussi longtemps permis aux siennes de se maintenir à flot.

La ferveur a gagné la Suisse

Preuve d'un événement qui a trouvé son public, les records d'affluence sont tombés tout au long de la compétition. À la veille de la finale, l'UEFA a annoncé que "29 des 31 matchs" s'étaient joués à guichets fermés. En tout, 657 291 spectateurs ont assisté à l'Euro 2025, dépassant largement le précédent record de l'édition 2022 en Angleterre (574 875 spectateurs). La ferveur s'est aussi propagée dans les rues. Les fan zones des huit villes d'accueil ont ainsi accueilli plus d'un million de visiteurs. Alors que la Suisse ne possède pas encore de championnat féminin professionnel, le pays tout entier s'est pourtant mis à l'heure du "foot des femmes".

De nombreuses activités sportives et culturelles ont été organisées dans les villes et villages helvètes, de la rencontre avec d'anciennes joueuses à une exposition dans un musée local. Idéal pour s'occuper entre les rencontres. On a aussi aimé voir les fans étrangers se prendre au jeu des traditions locales, comme la descente dans les rivières et fleuves grâce au courant. Et se glisser dans les "fan walks", les parades de supporters en direction des stades organisées par les villes hôtes. Elles ont attiré pas moins de 95 000 personnes, dont 20 000 à Berne en amont du quart de finale Suisse-Espagne (0-2). La palme de l'ambiance revenant aux Néerlandais, la vue depuis l'étage de leur célèbre Oranje bus valait le détour.

La belle histoire italienne

La surprise de cet Euro a fait des émules. Pas attendue à ce niveau, l'Italie a retrouvé les demi-finales d'un tournoi majeur, 28 ans après sa défaite en finale de l'édition 1997. En crise après le dernier Mondial, elle repart de Suisse grandie et pleine d'ambitions pour les années à venir, portée par le duo formé par Sofia Cantore et Cristiana Girelli, respectivement double passeuse et double buteuse contre la Norvège en quarts de finale (2-1). La légende de 35 ans s'est d'ailleurs fendue d'un discours plein d'espoirs pour le sport féminin face au président transalpin Sergio Mattarella à son retour à Rome, jeudi. De quoi susciter l'intérêt des tifosi, quand la sélection masculine peine toujours.

On n'a pas aimé

La désillusion bleue et les réactions haineuses

Les compétitions se suivent et se ressemblent pour les Bleues, éliminées pour la 9e fois en 12 quarts de finale de tournois majeurs. Une semaine après, difficile de comprendre comment l'équipe de France de Laurent Bonadei a pu perdre aux tirs au but contre l'Allemagne (1-1, 5-6 t.a.b.), malgré 113 minutes en supériorité numérique. Ultime déchirement, c'est la prometteuse défenseure Alice Sombath, à son avantage durant le tournoi, qui a manqué la dernière tentative, là où des cadres n'ont pas tiré (Clara Mateo, Selma Bacha). Mais au-delà de ce camouflet, le déchaînement de haine en ligne contre les joueuses est particulièrement choquant, comme ce fut déjà le cas pour l'Anglaise Jess Carter.

La flopée de ratés sur pénalty

Depuis 2011 et le début de la collecte des statistiques sur le sujet, jamais un Mondial ou un Euro n'avait connu un si faible taux de réussite sur les penalties, tirs au but inclus. Avec seulement 28 tentatives marquées sur les 51 tentées, le championnat d'Europe affiche 55% de conversion. Un chiffre auquel la séance entre la Suède et l'Angleterre a largement contribué (neuf échecs sur 14). A titre de comparaison, le meilleur cru lors de la Coupe du monde 2015 affichait 84% de réussite sur ce geste technique. On peut en revanche saluer les gardiennes, qui ont sorti 15 arrêts face aux tireuses, soit quatre de mieux que la meilleure marque remontant à 2023... mais avec 70 tirs en tout.

Le parasitage de la Coupe du monde des clubs

En France, le beau parcours du Paris Saint-Germain au Mondial des clubs a, en partie, invisibilisé la phase de poule de l'Euro, les demi-finales et finale contre le Real Madrid et Chelsea tombant exactement sur le même créneau que les matchs contre le pays de Galles (4-1) et les Pays-Bas (5-2), pourtant décisifs. "Il y a de la déception, on n'a pas de bol... TF1 a choisi une finale. Qu'on soit d'accord ou pas, on n'a pas trop notre mot à dire", avait d'ailleurs réagi la milieu Oriane Jean-François, alors que le groupe privé était revenu sur sa première décision de mettre l'équipe de France sur la première chaîne et de reléguer les Parisiens sur TMC. Un accord avec France Télévisions a toutefois été conclu ensuite, pour que les Tricolores soient visibles sur France 2.

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