Reportage "S'il est condamné, ça prouvera que la France ne s'en fout pas" : à Nanterre, le quartier de Nahel soulagé par l’annonce d'un procès pour juger le policier auteur du tir

Au quartier Pablo Picasso, l’annonce du procès du policier ayant tué Nahel suite à un refus d'obtempérer ravive l’attente de justice.

Article rédigé par franceinfo
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Une fresque rend hommage à Nahel, tué en juin 2023 à Nanterre (Hauts-de-Seine) par un policier. Photo prise le 6 juin 2024. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)
Une fresque rend hommage à Nahel, tué en juin 2023 à Nanterre (Hauts-de-Seine) par un policier. Photo prise le 6 juin 2024. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Les juges d'instruction ordonnent un procès devant la cour d'assises pour le policier mis en examen pour la mort de Nahel. Il est poursuivi pour "meurtre", après son tir mortel envers l'adolescent de 17 ans survenu il y a près de deux ans à Nanterre, suite à un refus d'obtempérer. Le procès devrait avoir lieu l'an prochain. C'était le souhait de nombreux habitants du quartier Pablo Picasso qui n'ont eu de cesse de demander "Justice pour Nahel".

Le policier qui a tué l'adolescent sera jugé pour meurtre et "c'est ce que ses amis, sa famille et les habitants attendent : un jugement", raconte d'emblée Jason, 30 ans, un habitant du quartier où vivait l'adolescent.

"On aimerait que le policier prenne du ferme. S'il est condamné, ça prouvera bien que la France ne s'en fout pas, que la mémoire de Nahel a été honorée et que nous n'avons pas été oubliés".

Jason, habitant du quartier Pablo Picasso

à franceinfo

À Nanterre, comme ailleurs, la question du procès du policier fait débat. En témoigne cet échange entre deux amis, habitants du quartier Pablo Picasso, pour qui ce terme d'homicide volontaire est fort de sens. "C'est un homicide volontaire qui est retenu par les juges, et non involontaire. Donc c'est voulu d'une part, rien que la phrase est violente" s'étonne l'homme. "Certes, il y a une faute du policier, il n'aurait jamais dû faire ça. Mais avec du recul, si le jeune avait écouté, il serait reparti avec une amende et personne ne serait mort", juge l'un des deux amis.

"Il avait fait plusieurs refus d'obtempérer", répond l'autre habitant, "et même, il faut se mettre à la place d'un keuf qui voit ça tous les jours". Avant que son ami invoque une "perte de sang-froid" du policier, qui a coûté la vie à Nahel. "C'est un gosse qui est mort à la fin". 

Un procès à Nanterre ?

Dans un an, les juges tenteront de répondre à la question que tout le monde se pose ici, pourquoi ce policier a-t-il fait usage de son arme à feu ? Un procès qui pourrait se tenir à Nanterre, ce que redoute une habitante du quartier Pablo Picasso. "J'ai peur que ça redynamise le débat et que ça s'empire. La tour où la famille habite a été squattée, il y a beaucoup de trafiquants et on ne sait plus trop où se mettre, c'est très compliqué, déplore-t-elle. Prendre la parole dans ces conditions est un peu compliqué et j'avoue que, des fois, je me passerais allègrement des petits jeunes du quartier. Mais évidemment, c'est toujours très très triste qu'un jeune garçon meurt".

Le tribunal judiciaire de Nanterre est situé à quelques dizaines de mètres du lieu où les faits se sont produits le 27 juin 2023, il y a près de deux ans.

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