: Vidéo "C'est le secret le mieux gardé des violeurs" : le combat de la fille de Gisèle Pelicot pour briser le silence sur la soumission chimique

C’est désormais le combat de sa vie. Caroline Darian a accompagné sa mère, Gisèle Pelicot, durant le procès des viols de Mazan qui s'est terminé par la condamnation de Dominique Pelicot et de ses 50 coaccusés, en décembre. Durant dix ans, Gisèle Pelicot a été violée par son mari, Dominique Pelicot, et des dizaines d'autres hommes sous soumission chimique. Dans le documentaire Soumission chimique : pour que la honte change de camp, réalisé par Linda Bendali, et diffusé mardi 21 janvier à 21h10 sur France 2, Caroline Darian revient sur l'histoire tragique de sa famille et les conséquences dévastatrices de ces crimes.

"Ma mère n'a jamais été rappelée par un quelconque souvenir", explique sa fille devant la caméra de Linda Bendali. Les drogues administrées ont effacé toute mémoire des abus, privant la victime de la capacité de comprendre ce qu'elle subissait.

"Le viol sous soumission chimique, c'est celui qui ne laisse pas de traces."

Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot

dans le documentaire "Soumission chimique : pour que la honte change de camp"

À partir de 2015, la santé de Gisèle Pelicot se dégrade : voix faible, absences répétées, troubles du langage. Ses enfants suspectent d'abord un début d'Alzheimer. Mais ces symptômes se cachent une réalité bien plus sombre. Ce n'est qu'après des années de souffrance qu'émergent les révélations : "J'ai appris que ton père me drogue depuis plusieurs années pour me faire violer", confie Gisèle à sa fille lors d’un appel téléphonique.

Un combat qui ne s'arrêtera pas avec le verdict

Pour Caroline Darian, le chemin vers la vérité est aussi une épreuve personnelle douloureuse. "Être la fille d'un bourreau, d'un prédateur sexuel, pour moi, il n'y a pas pire", déclare celle qui affirme que son père l'a également droguée et violée. Elle raconte sa difficulté à haïr un père qui a incarné, à une époque, un modèle familial : "J'ai peur de ne pas réussir à le détester (…) Avec ce procès, je veux réussir à solder l'amour que je lui ai porté", confie-t-elle.

Le procès des viols de Mazan représente un tournant. Il ne s’agit plus seulement d’une bataille judiciaire, mais aussi de mettre en lumière son combat contre la soumission chimique.

"C'est à vomir, vous ne tenez pas deux minutes à regarder ce qu'ils ont fait à ma mère."

Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot

face à la presse

Les chiffres sont alarmants : une victime sur deux de soumission chimique ne se souvient de rien, un processus comparable à une anesthésie générale.

Cette bataille est devenue son combat : "C'est le secret le mieux gardé des violeurs." Avec son association M’endors pas, elle ambitionne de lancer une grande campagne de sensibilisation et de faire de l'association qu'elle a créé avec un acteur étranger de renom. "Le combat ne peut pas s'arrêter à l'issue du procès, conclut-elle à franceinfo, ma feuille de route est longue comme le bras."