Procès Le Scouarnec : "Je veux que tous nos traumatismes soient reconnus", dit une des victimes avant le premier jour d'audience

L'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec est jugé pour des viols et des agressions sexuelles sur 299 victimes, dans un procès qui s'ouvre lundi 24 février. Des abus perpétrés essentiellement sur des mineurs, de 1989 à 2014.

Article rédigé par franceinfo
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Un croquis illustre le chirurgien français Joël Le Scouarnec assistant à son procès pour le viol et les sévices sexuels de quatre enfants au palais de justice de Saintes (Charente-Maritime), le 13 mars 2020. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)
Un croquis illustre le chirurgien français Joël Le Scouarnec assistant à son procès pour le viol et les sévices sexuels de quatre enfants au palais de justice de Saintes (Charente-Maritime), le 13 mars 2020. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Alors que le procès de Joël Le Scouarnec, jugé pour des viols et agressions sexuelles sur près de 300 victimes, s'ouvre lundi 24 février, Marie, l'une d'entre elles, souhaite que "tous [leurs] traumatismes soient reconnus", explique-t-elle auprès d'"ici Armorique" (ex-France Bleu). Elle a été abusée par le chirurgien, en 1996, dans une clinique de Vannes, à l'âge de 10 ans. "On peut nous dire que c'est dans notre tête, mais [les traumatismes] sont là depuis des années, et avant même que l'on sache ce qu'il nous avait fait", dit-elle, ajoutant "mon corps ne fait plus confiance".

"On sent que la honte pèse sur les victimes"

"J'ai vraiment besoin d'être reconnue victime. Je me sens en reconstruction […] J'ai hâte que ça commence et j'ai hâte que ça se termine", estime quant à elle Amélie, l'une des rares victimes qui témoigne à visage découvert, auprès de France Culture. Joël Le Scouarnec est soupçonné de l'avoir violée, lors d'une opération de l'appendicite en 1991, alors qu'elle avait 9 ans.

"Ce serait bien que les victimes aient moins honte et qu'on puisse tous s'exprimer librement", ajoute-t-elle. "On sent que la honte pèse sur les victimes, qu'on a du mal à s'exprimer, qu'on a du mal à assumer, alors que finalement on a rien à assumer, on a subi", regrette-t-elle. Le verdict de la cour criminelle, prévu en juin, marquera "la fin de [s]a thérapie" entamée il y a plusieurs années.

"Ça m'a marqué toute ma vie et ça me marque encore"

"J'ai parlé" à l'époque aux enquêteurs, "j'ai dit ce que j'avais à dire" mais "qu'est-ce que vous vouliez que je fasse à 11 ans ? J'étais trop jeune... trop jeune pour comprendre peut-être même que ça allait pourrir toute ma jeunesse. Ça m'a marqué toute ma vie et ça me marque encore", témoigne sur franceinfo Pauline, une autre victime qui avait été opérée par Joël Le Scouarnec.

"Maintenant, le silence n'existe plus, l'omerta n'a plus lieu d'être, on est au jour des comptes, et il faut que Joël Le Scouarnec rende compte des faits qu'il a commis", dit à franceinfo Me Francesca Satta, l'avocate de plusieurs parties civiles. Elle doute cependant que l'ex-chirurgien ait "la clairvoyance de révéler au cours du procès ce qu'il a commis", au regard de son attitude lors du premier procès en 2020. Le septuagénaire a déjà été condamné à 15 ans de réclusion, pour les viols et agressions sexuelles de quatre enfants, dont deux étaient ses nièces.

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