"Personne ne pouvait être préparé à ça", témoigne l'une des gardiennes du Musée du Louvre qui a assisté au cambriolage

Cette gardienne était présente lorsque deux individus se sont introduits dans le Louvre et ont dérobé plusieurs bijoux dimanche matin.

Article rédigé par franceinfo - Matthieu Bonhoure (France Inter)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les visiteurs ont tous été évacués après le cambriolage du Louvre à Paris, le 19 octobre 2025. (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)
Les visiteurs ont tous été évacués après le cambriolage du Louvre à Paris, le 19 octobre 2025. (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)

"Personne ne pouvait être préparé à ça", témoigne jeudi 23 octobre au micro de France Inter, en exclusivité, l'une des gardiennes du Musée du Louvre qui a assisté au cambriolage dimanche dernier. L'employée, qui souhaite rester anonyme, était avec d'autres collègues dans la galerie d'Apollon quand les voleurs sont venus dérober les bijoux. Très expérimentée, la gardienne se souvient précisément de cette intrusion, qui a duré moins de dix minutes.

Elle décrit un "dimanche serein", avec "des visiteurs qui commençaient à arriver". Puis, "tout d'un coup, on a entendu un bruit énorme. Sur le coup, avec mes deux collègues, on a pensé que c'était un visiteur qui pétait un câble", raconte l'employée. Sauf qu'elle réalise "que le bruit était totalement inhabituel, un bruit sourd, un peu métallique". Elle et ses collègues s'avancent. La gardienne aperçoit alors "deux visiteuses épouvantées". "Là, j'ai vu un des malfaiteurs se retourner avec quelque chose qui, pour moi, était une tronçonneuse."

"Dégagez, c'est un braquage"

"Je hurle à mes collègues de dégager, pour faire peur", continue l'employée, "et je me souviens avoir dit une deuxième fois 'Dégagez, c'est un braquage'". Sa collègue alerte tous les employés qui possèdent un talkie-walkie. "On a fini d'évacuer les visiteurs sans encore comprendre vraiment ce qu'il se passait", se souvient la gardienne. "On a fermé le maximum de portes en partant."

"Je pense qu'après coup, il nous aurait paru invraisemblable qu'on puisse fracturer ces vitrines", confie la gardienne à propos de ce cambriolage, lors duquel les voleurs ont dérobé huit bijoux. "On n'a jamais pensé une seconde qu'il y avait un risque tel."

La sécurité négligée ?

Concernant le dispositif de sécurité, au cœur de l'enquête ces derniers jours, la directrice du Musée du Louvre, Laurence des Cars, a reconnu des failles dans le système de surveillance extérieur lors de son audition devant le Sénat ce mercredi. Elle a néanmoins assuré que le système de sécurité "tel qu'il est en place aujourd'hui dans la galerie d'Apollon a parfaitement fonctionné", y compris toutes ses alarmes.

Mais pour la gardienne, il y a eu un délitement dans les moyens accordés. "Ça fait un moment qu'on sentait que la culture de la sûreté était en baisse dans le musée", avec l'impression "de voir le standard de sûreté des œuvres en baisse". Elle rappelle qu'il y avait eu une grève des agents de sécurité en juin dernier, pour dénoncer la surfréquentation du musée et le sous-effectif chronique. Des alertes qui n'ont pas été entendues selon elle. "On avait le sentiment qu'on n'était pas pris au sérieux et qu'il n'y avait pas de réaction quand on signalait des failles ou des problèmes."

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