Tireur de Paris : "Aucune étude ne lie vidéosurveillance et élucidation d'une enquête"
Pour comprendre le rôle des caméras dans l'arrestation du tireur présumé de "Libération", francetv info a interrogé Sebastian Roché, sociologue spécialisé dans l'insécurité.
"La vidéo a été essentielle dans cette affaire." Invité de RTL jeudi 21 novembre, Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, a vanté l'utilité de la vidéosurveillance dans l'arrestation d'Abdelhakim Dekhar, le tireur présumé de Libération et de la Défense. "Savez-vous que grâce à la vidéo de Paris et des transports parisiens, les policiers se rapprochaient, ils étaient à Courbevoie, à quelques centaines de mètres de son domicile", a lancé Manuel Valls. Cependant, c'est le témoignage de l'homme qui l'hébergeait qui a permis l'interpellation du suspect.
Pour savoir quel rôle peut véritablement jouer la vidéosurveillance dans ce type d'affaires, francetv info a interrogé Sebastian Roché, sociologue et directeur de recherche au CNRS, spécialisé dans les questions de délinquance et d'insécurité. Il est notamment l'auteur de Sociologie politique de l'insécurité (PUF, 1998).
Francetv info : Partagez-vous le constat de Manuel Valls sur le rôle "essentiel" de la vidéosurveillance dans cette affaire ?
Sebastian Roché : Grâce aux enregistrements des caméras installées dans le cadre du plan de vidéoprotection pour Paris (PVPP) [lancé en décembre 2011], les enquêteurs ont réussi à obtenir une photo de la personne qu'ils recherchaient. C'est un élément important : avec un portrait-robot, les enquêteurs se reposent sur la mémoire des témoins, tandis qu'avec une photo, ils peuvent travailler sur un signalement précis. La vidéosurveillance a donc aidé à identifier le suspect. Elle a contribué à la progression de l'enquête, mais au même titre qu'une voiture de police ou qu'un téléphone. Il s'agit seulement d'un des outils des enquêteurs.
Plus généralement, peut-on établir une corrélation entre les équipements en vidéo des villes et l'élucidation des affaires criminelles ?
Il n'existe pas d'étude permettant de faire un tel lien. Mais de toute façon, il ne faut pas être naïf vis-à-vis de la technologie : elle ne permet pas tout. Le nombre d'enquêteurs mis à contribution sur une affaire et sa médiatisation sont des facteurs qui contribuent à l'élucidation d'une enquête. L'affaire du tireur présumé est un cas extraordinaire. Le nombre d'enquêteurs mobilisés a donc été très important [mardi, Claude Cancès, ancien patron de la police judiciaire, a précisé à francetv info que les 2 200 fonctionnaires de la PJ pouvaient être mobilisés à tout moment si besoin].
Selon la préfecture de police, la vidéosurveillance a été utilisée dans 7 500 opérations et a permis l'interpellation de 1 500 personnes en un an, comme l'indiquait Le Parisien le 3 janvier. Que pensez-vous de ce bilan ?
C'est une description juste. Mais cette étude ne renseigne pas sur la plus-value de la vidéosurveillance dans le déroulement d'une enquête. Et surtout, sur le coût d'une telle installation. On ne peut tirer de bilan positif ou négatif de ces chiffres : le rapport bénéfice/coût est-il favorable ? Aucune conclusion n'est donnée à ce sujet. Avec des moyens supplémentaires, forcément, les résultats sont meilleurs.
De plus, avec le système actuel, en France, les maires financent l'installation des caméras et les policiers en disposent. Est-ce un bon investissement ? La réponse est politique. Et c'est justement ce que fait Manuel Valls jeudi matin : de la politique. Peu importe l'affaire, avec ses propos, il cherche à montrer que la gauche, mise en cause sur la sécurité, sait gérer le pays. Nous savons travailler, nous utilisons les outils efficaces, c'est, en substance, le message qu'il veut faire passer.
Est-il possible d'utiliser la vidéosurveillance sans porter atteinte à la vie privée ?
En France, ce n'est pas tellement le problème, car la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) joue pleinement son rôle de contrôle. Elle met en garde sur les manquements de la vidéosurveillance si besoin. [Par exemple, dans un rapport rendu public en juin 2012 (PDF), la Cnil dénonce "une mauvaise orientation des caméras" ou encore une "durée de conservation des images excessive"].
La numérisation des enregistrements constitue davantage un problème. En effet, les bases numérisées de la France sont susceptibles d'être consultées par tous les renseignements d'autres pays. La numérisation crée donc de nouvelles vulnérabilités.
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