"D'un coup, tout s'est effondré sur lui", raconte l'un des spéléologues coincés dans la grotte du Guiers Mort, en Isère

C'est le récit d'un sauvetage spectaculaire qui a duré près de 20 heures et mobilisé une centaine de personnes. Un spéléologue de 25 ans s'est retrouvé enseveli dimanche dans une grotte où il posait une balise radio. "Il a été d'un courage exceptionnel, hallucinant", raconte l'un de ses compagnons mardi sur ICI Isère.

Article rédigé par franceinfo - avec ICI Isère
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Temps de lecture : 3min
Le récit de Lionel Chatain, l'un des quatre spéléologues coincés dans la grotte du Guiers Mort (Isère), sur ICI Isère, le 10 juin 2025. (CAPTURE D'ECRAN)
Le récit de Lionel Chatain, l'un des quatre spéléologues coincés dans la grotte du Guiers Mort (Isère), sur ICI Isère, le 10 juin 2025. (CAPTURE D'ECRAN)

"D'un coup, tout s'est effondré sur lui", raconte l'un des trois spéléologues coincés dans une galerie de la grotte du Guiers Mort (Isère), et qui a porté secours à un membre de l'expédition enseveli sous des cailloux. Il témoigne pour la première fois mardi 10 juin sur ICI Isère.

Au départ, ils étaient quatre spéléologues partis explorer dimanche matin la grotte du Guiers Mort à Saint-Pierre-de-Chartreuse. Ils voulaient poser une balise radio pour mieux quadriller les lieux pour "affiner la position de cette zone de rochers qui a bouché la grotte qui existait à l'origine", raconte l'un d'eux sur ICI Isère, Lionel Chatain, secouriste en montagne avec la CRS Alpes.

Un membre du groupe a alors voulu pousser un peu plus l'antenne au fond de la trémie. La galerie mesure 50 cm de haut pour 2 mètres de large. "C'est un peu comme si on arrivait sous l'envers d'un sablier qui paraissait ne pas bouger et d'un coup tout s'est effondré sur lui". Vers 13h30, le spéléologue de 25 ans se retrouve enseveli sous des centaines de kilos de cailloux. Deux spéléologues restent avec lui et un quatrième remonte en surface pour donner l'alerte.

En creusant, on risquait de "l'ensevelir complètement"

Lionel Chatain ne voit plus que le bas des jambes de son ami, mais "ce qui était rassurant, c'est qu'on pouvait discuter avec lui, donc on a compris qu'il avait quand même la tête qui dépassait". Les spéléologues essaient de déblayer la trémie, mais "au bout de quelques minutes on s'est rendu compte qu'en creusant on continuait à faire descendre tout ce qu'il y avait au-dessus. Le risque était de l'ensevelir complètement", se souvient Lionel Chatain.

Prévenus par talkie-walkie, un important dispositif est alors déployé mais le temps d'évoluer dans les galeries, les premiers secours n'arrivent qu'à 17 heures : pompiers spécialisés, gendarmes et policiers, médecins, membres de l'association spéléo secours Isère, en tout plus de 100 personnes sont mobilisées. "Il y avait en permanence l'un d'entre nous qui lui calait les pieds, parce qu'il avait tendance à glisser. Plus il glissait et plus le niveau de cailloux se retrouvait au niveau de sa bouche, de son nez. L'idée c'était qu'il puisse garder un appui pour le maintenir en surface", détaille Lionel Chatain.

Aucune fracture

Il a fallu "de longues heures, tête en bas", pour casser le rocher. Les secouristes ont dû extraire la roche de la paroi, dix centimètres par dix centimètres, pour dégager leur ami enseveli sous les cailloux. Ils ont ensuite pu "le tirer mais rapidement car derrière la trémie s'est complètement effondrée. Ça a été un moment de soulagement énorme", confie Lionel Chatain. La remontée du blessé a commencé vers 2h30 et s'est achevée un peu après 7 heures lundi matin.

Le spéléologue a été transporté au CHU de Grenoble pour être soigné, en hypothermie, blessé au bras, mais sans fracture. "Il a été d'un courage exceptionnel, hallucinant", conclut Lionel Chatain. Mercredi, il fêtera ses 26 ans.

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