Addictions, immaturité, égocentrisme... Les conclusions de l'expertise psychologique de Cédric Jubillar
Près d'un an après son placement en détention provisoire, franceinfo a pris connaissance de l'expertise psychologique de Cédric Jubillar, accusé d'avoir tué sa femme Delphine en décembre 2020 dans le Tarn.
Qui est vraiment Cédric Jubillar ? La question est sans doute l'une des clés de la résolution de l'affaire Delphine Jubillar, disparue depuis décembre 2020 sans laisser de trace. Jeudi 26 mai 2022, franceinfo a pu avoir accès à l'expertise psychiatrique réalisée sur l'artisan de 34 ans, qu'avait dévoilée Le Parisien le 26 avril dernier.
>> Cédric Jubillar confronté à son ex-codétenu pour savoir s'il lui a avoué les faits
L'homme, placé en détention provisoire depuis juin 2021, est accusé d'avoir tué sa femme dans leur maison de Cagnac-les-Mines, dans le Tarn. Depuis, le corps de l'infirmière est introuvable, et Cédric Jubillar clame son innocence.
Une forte dépendance au cannabis
Cette expertise psychologique a été versée le mois dernier au dossier d'instruction. Le psychiatre désigné par les juges a rencontré Cédric Jubillar à deux reprises, en juillet 2021 puis au mois d'octobre dernier. Le premier rendez-vous a eu lieu moins de deux semaines après son placement en détention provisoire, le 18 juin 2021. Le mis en examen clame qu’il n’a "rien fait" et assure qu’il va "sortir rapidement". Le psychiatre constate une certaine colère. Cédric Jubillar accuse les surveillants pénitentiaires de "vouloir le pousser au suicide".
Il confie également au psychiatre qu'il était un grand consommateur de cannabis : "de 10 à 25 joints par jour". Mais assure ne pas ressentir de manque depuis son incarcération. Cédric Jubillar admet également qu'il buvait régulièrement de l’alcool. "Un Ricard du soir", selon ses termes. Puis Cédric Jubillar imagine sa sortie de prison et lance une phrase troublante au psychiatre : "Si je suis le meurtrier, il vaut mieux que je quitte le Tarn".
Quatre mois plus tard, lors du second entretien, Cédric Jubillar se plaint d’être "toujours à l’isolement". Puis, le psychiatre a noté une autre déclaration troublante : "Je ne suis pas un violeur, une balance, un homosexuel … je suis un criminel comme les autres". Pour autant, il répète qu’il est "innocent". "On me considère comme le coupable parfait", déplore-t-il.
Arrogant, égocentrique, immature...
Tout au long de cet entretien, l'expert relève qu'il ne prononce jamais le prénom de son épouse, qu'il appelle "madame" et non Delphine. Cédric Jubillar concède par ailleurs que les disputes étaient très fréquentes au sein du couple, généralement, selon lui, pour des questions d’argent : "Je crie trop, je gueule... Je ne suis pas patient". Il raconte aussi qu'"à partir de septembre, elle m’insultait : connard, merde, cassos, drogué... Face à cela, je rigolais". Puis Cédric Jubillar reconnaît "l’avoir déjà attrapée par les épaules en septembre", soit trois mois avant la disparition de sa femme. Il avance une hypothèse, il estime qu’elle pourrait être en Espagne. Il explique qu’il est "encore triste de la disparition de madame".
Dans ses conclusions, l'expert psychiatre rappelle que Cédric Jubillar a connu une enfance difficile, avec un beau-père très violent, des placements en foyer, où il dit être devenu un vrai délinquant. Il souligne aussi sa dépendance au cannabis, son côté immature, égocentrique, parfois arrogant et très sûr de lui.
Dans l'hypothèse où Cédric Jubillar serait l'auteur du meurtre, le psychiatre tente d'expliquer son passage à l'acte. Le divorce pouvait constituer "une rencontre avec une réalité peut-être insupportable" et Cédric Jubillar aurait pu agir dans un moment de colère, refusant ce sentiment d'échec lié à la fin de cette vie de famille à laquelle il tenait beaucoup.
Une remise en liberté en juin ?
Une audience importante attend Cédric Jubillar le 9 juin prochain devant le Juge des libertés et de la détention (JLD), un an après son placement en détention provisoire. Les avocats de Cédric Jubillar vont demander sa libération. L'un d'entre eux, Me Alexandre Martin, a affirmé à franceinfo : "Nous ne demanderons pas de contre-expertise. Cette expertise n’est pas défavorable à notre client. Elle ne relève aucun esprit manipulateur, aucune violence particulière. Cette expertise décrit un homme simplement normal."
Le juge des libertés va donc examiner les charges qui pèsent contre lui, l'avancée de l'enquête, les risques de trouble à l'ordre publique et dire s'il estime que la détention doit se poursuivre. Jusqu'à maintenant, ses demandes de mises en liberté ont toute été refusées. Les gendarmes poursuivent quant à eux leurs investigations, à la recherche du corps de l'infirmière, disparue il y a bientôt un an et demi.
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