"Enterrer" son épouse, faire "mieux" que Jonathann Daval... A son procès, Cédric Jubillar tente de se justifier sur les propos qui lui sont imputés
Trois témoins ont rapporté jeudi devant la cour d'assises du Tarn des phrases troublantes de l'accusé, qui auraient été proférées, pour certaines, autour de la disparition de Delphine Jubillar en décembre 2020.
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Des récits embarrassants pour Cédric Jubillar se sont accumulés à la barre, au huitième jour de son procès. Contrairement à la journée de mercredi, au cours de laquelle l'amie d'enfance de Delphine Jubillar a volontairement cherché à démolir l'accusé, les auditions, jeudi 2 octobre, n'ont pas été aussi ouvertement à charge. Mais, ici et là, des phrases tantôt inquiétantes, tantôt menaçantes, imputées à l'accusé, ont résonné dans la salle d'audience de la cour d'assises du Tarn.
En début de journée, Valérie G., l'assistante maternelle qui s'occupait des enfants du couple, relate ainsi une violente dispute entre Cédric Jubillar et son épouse, alors enceinte de leur fille, Elyah. "Il était très en colère. Il a pris son fils par le bras et lui a dit : 'T'as vu ta connasse de mère, qu'elle aille se faire enculer'". Delphine Jubillar aurait alors baissé la tête.
Au détour d'une question d'une avocate de parties civiles, Valérie G. se remémore un autre moment. Un soir, alors que Cédric Jubillar rentre, un reportage sur Jonathann Daval, condamné à 25 ans de prison pour le féminicide de son épouse, est diffusé à la télé. "Je dis : 'C'est malheureux pour la dame, pour Alexia'. Il se retourne et me dit : 'Oh, il n'est pas malin ! J'aurais fait mieux que ça, on ne l'aurait jamais retrouvée !", rapporte la témoin, "choquée" par ces propos. "Et six mois après, sa femme disparaît", observe l'assistante maternelle à la barre. "Ça fait drôle."
"Ce n'est pas pour autant que je l'ai fait"
Malaise dans la salle. Interrogé sur ce point, l'accusé de 38 ans, debout dans son box, assure n'avoir jamais tenu de tels propos, ajoutant : "Je ne vois pas ce qu'elle faisait devant la télé avec mes enfants".
Les témoins, présentés comme des connaissances de l'accusé, défilent. Il s'agit de jeunes adultes, encore adolescents lorsqu'ils côtoyaient Cédric Jubillar avant son incarcération. Malcom A., 24 ans, Adrien F. et Loan R., tous deux 22 ans. Les trois hommes ne disent rien de particulièrement à charge, mais rien de flatteur non plus. "C'était une personne un peu arrogante, qui avait tout vu, tout fait", glisse l'un d'eux.
Et puis, la présidente de la cour procède à la lecture du témoignage de Sofiane E., un proche de l'accusé. Il avait 16 ans lorsqu'il a été auditionné par les enquêteurs. Tous deux discutaient dans le jardin du couple Jubillar, quelques jours avant la disparition de l'infirmière. "Ça ne se passe pas bien, j'ai envie de la tuer", aurait alors confié Cédric Jubillar à son interlocuteur, ajoutant vouloir "enterrer" son épouse.
Interrogé, l'accusé, toujours sûr de lui, estime qu'il a pu effectivement dire qu'il allait tuer sa femme : "C'est une expression que j'utilise tout le temps, mais ce n'est pas pour autant que je l'ai fait". Il réfute toutefois fermement avoir parlé de l'"enterrer".
"Comme un caniche qui aboie, mais il ne mord pas"
Son ami et dealer Sébastien A., intérimaire de 36 ans, est l'un des rares à dresser un portrait à peu près positif de l'accusé. Il le décrit comme "grande gueule". "Cédric, c'est comme un caniche qui aboie, mais il ne mord pas. Ça restait quelqu'un de sympathique", souligne-t-il. "Sur quelque chose qui ne va pas lui plaire, il va vite s'énerver en haussant la voix. Mais pas plus que ça. Ça redescendait relativement vite derrière", assure-t-il.
Sa déposition semble enfin aller dans le sens de la défense. Et puis, la présidente rappelle qu'il avait affirmé en audition que Cédric Jubillar lui avait déclaré, le 17 décembre 2020 au soir, au lendemain de la disparition de sa compagne : "Evidemment, c'est moi qui l'ai tuée !" Gêné, Sébastien A. tente de minimiser à la barre : "La manière dont il l'a dit, j'ai compris que ce n'était pas lui".
Questionné par la présidente, l'intéressé affirme avoir tenu ses propos "sur le ton de l'ironie". A ce moment-là, justifie Cédric Jubillar, il était sous pression : les gendarmes le suspectaient déjà, selon lui, d'avoir tué son épouse. Philippe Pressecq, avocat d'une cousine de Delphine Jubillar, note pourtant qu'il n'a été entendu qu'une fois le 16 décembre par les gendarmes, "de 13h30 à 13h50". Cédric Jubillar assure qu'il a été interrogé à plusieurs reprises ce jour-là. "Je n'ai pas tué Delphine, c'est la certitude", insiste-t-il. Il reste encore plusieurs jours d'audience aux jurés pour en juger.
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