Drame d'Aubervilliers : "Je reviens pas dans ce trou, on risque l'incendie à tout moment"
Une centaine de personnes vont devoir être relogées après l'incendie de l'immeuble d'Aubervilliers, samedi, qui a fait trois morts. Reportage auprès des sinistrés.
"J'ai vu la femme enceinte sauter avant qu'elle décède. Son appartement était juste au-dessus du mien." Valentin est encore sous le choc, quatre jours après l'incendie d'un immeuble à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), samedi 7 juin, dans lequel trois personnes ont trouvé la mort. Arrivé il y a à peine un mois d'Espagne, ce jeune Roumain s'en est sorti de justesse. "Il y avait de la fumée partout, heureusement les pompiers sont arrivés en cinq minutes pour nous sortir de là."
Depuis, lui et deux de ses compatriotes dorment chez un ami, "le temps de trouver autre chose". Mais, au pied de l'immeuble, le temps se fait long. En short et espadrilles, les trois Roumains attendent de pouvoir récupérer quelques affaires, du moins celles qui n'ont pas brûlé. Dans l'entrée principale, des policiers empêchent toute personne de revenir sur les lieux de l'incendie.
Devant l'édifice, une quinzaine de tentes prêtées par l'association Droit au logement abritent les familles qui sont arrivées trop tard pour l'hébergement d'urgence. Les autres rescapés dorment dans le gymnase Manouchian, situé à quelques rues de là. "C'est le bordel !" s'exclame Kamel, venu soutenir ses amis égyptiens présents le soir de l'incendie. "Heureusement qu'il y avait l'échafaudage. Sans ça, je ne sais pas s'ils auraient pu s'échapper du troisième étage."
"Si c'est ça, le pays des droits de l'homme…"
Dans la tente voisine qui trempe dans l'eau, deux amis bengalis sont encore abasourdis. Ils ne savent pas s'ils doivent rester ou quitter les lieux. "Nos affaires sont encore à l'intérieur, déplore Farouk Ahmed dans un français hésitant. Je crois que tout a brûlé, mais je voudrais au moins aller vérifier." Farouk et Arif sont démunis. Sans-papiers, inutile de leur parler d'assurance ou de possibilités de relogement. Pour eux, la solution ne passera pas par l'Etat.
Ammar s'est trouvé dans la même situation l'année dernière. A la suite d'un incendie criminel survenu le 30 mars 2013 dans la cage d'escalier A du même immeuble, il se retrouve au gymnase Manouchian, le même qui héberge aujourd'hui environ cinquante personnes, avant d'obtenir une solution temporaire. "Ils m'ont donné un bail précaire de six mois et aujourd'hui, ils veulent que l'on revienne. Mais c'est mort, moi je reviens pas dans ce trou. Ils ont pas fini les travaux et dans les bâtiments d'à côté, on risque l'incendie à tout moment. Plus d'un an après, je n'ai toujours pas pu récupérer mes affaires auprès du propriétaire. Si c'est ça, le pays des droits de l'homme…"
Près de cent personnes à reloger
Pour la préfecture, l'équation n'est pas simple. Il s'agit de trouver un logement pour près de cent personnes, dont une bonne partie ne parle pas français et n'est pas en règle. En attendant, le gymnase Manouchian est ouvert aux victimes. "On ne refuse aucune famille qui fait partie du bâtiment C [lieu de l'incendie], précise-t-on à la mairie d'Aubervilliers. Si leur logement est inaccessible, les victimes sont systématiquement prises en charge dans le gymnase."
"Je suis plutôt optimiste, raconte une des gardiennes du gymnase. La Croix-Rouge est intervenue très rapidement. Ce matin, le préfet est passé, mais ce n'est pas évident de reloger toutes ces personnes, ça va pas se faire du jour au lendemain."
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