Risques industriels : "On peut noter une forme de relâchement" des procédures d'autorisation, estime un historien
Selon Thomas Le Roux, les procédures d'autorisation des sites industriels dangereux ont été assouplies, au nom de la simplification administrative par exemple.
Alors que de nombreuses questions persistent autour de l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, deux spécialistes du domaine ont expliqué à franceinfo que la transparence autour des usines dangereuses a varié suivant les époques. Ils estiment que cette surveillance est moins forte aujourd'hui qu'hier. "À la suite des attentats qui avaient eu lieu sur des installations industrielles, l'exécutif a réduit la diffusion des données, notamment, et de façon légitime, sur l'emplacement des stockages de substances dangereuses dans les installations", explique ainsi Laurent Radisson, journaliste pour le site actu-environnement.com. "Mais il est possible aussi que les services de l'État aient pris prétexte de ces restrictions pour ne pas diffuser certaines informations qui auraient dû l'être. Il y a pas mal d'annexes d'arrêtés préfectoraux qui ne sont plus rendues publiques, donc on n'a plus cette information", poursuit-il.
Selon l'historien et chercheur au CNRS Thomas Le Roux (La contamination du monde. Une histoire des pollutions à l’âge industriel, Seuil), "on peut noter une certaine forme de relâchement" dans la réglementation depuis quelques décennies, puisque "les procédures d'autorisation de ces établissements classés ont été assouplies, au nom de la simplification administrative par exemple, ou au nom de la modernisation de l'État. Les intérêts économiques sont essentiels pour comprendre ça, c'est pour que les entreprises soient moins contraintes, et aient plus de réactivité par rapport à ce qu'elles produisent."
Très souvent les entreprises mettent l'administration devant le fait accompli, qui finit par, a posteriori, autoriser des entreprises qui ont déjà commencé de fonctionner, au d'augmenter leur production, parce que le marché l'impose.
Thomas Le Roux, historien et chercheur au CNRSà franceinfo
Thomas Le Roux évoque un décalage entre les impératifs économiques des entreprises et les capacités de contrôles des services de l'État. "Les rythmes de production des entreprises sont complètement dissociés des rythmes de procédures administratives. L'administration ne peut pas surveiller au quotidien ses usines", affirme-t-il.
Un "pacte social" vieux de 200 ans
Comment cohabitent les usines classées dangereuses et les habitants ? "Très clairement, c'est l'environnement et les populations qui s'adaptent à l'entreprise", juge Thomas Le Roux. Mais cet arbitrage n'a pas toujours été dans ce sens, rappelle l'historien. "C'est un pacte social qui est noué entre industrie, populations, environnement, rendu depuis 200 ans."
Avant l'industrialisation, la place de l'industrie dans la société n'était pas acquise et les industries avaient beaucoup de difficultés à fonctionner si elles créaient des nuisances.
Thomas Le Roux, historienà franceinfo
Le chercheur évoque un "grand basculement", opéré au début de l'industrialisation. "En France, c'est en 1810 qu'un dispositif législatif a permis à l'industrie de fonctionner, avec quand même des surveillances et des contrôles bien sûr, mais sans craindre d'éventuels recours en justice, sans craindre d'éventuelles fermetures, parce que l'investissement l'exigeait", analyse-t-il.
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