Info franceinfo Attaque au couteau à Antibes : l'agresseur était sorti d'hospitalisation sous contrainte en juillet et avait été signalé à la préfecture

Le jeune homme de 18 ans était suivi par la protection judiciaire de la jeunesse. Son profil avait été signalé au comité de prévention de radicalisation de la préfecture.

Article rédigé par Margaux Stive
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une voiture de police. Image d'illustration. (QUENTIN DE GROEVE / HANS LUCAS via AFP)
Une voiture de police. Image d'illustration. (QUENTIN DE GROEVE / HANS LUCAS via AFP)

L'agresseur, âgé de 18 ans, qui a poignardé une professeure et un élève mercredi 10 septembre à Antibes (Alpes-Maritimes) était sorti d'hospitalisation sous contrainte en juillet, pour des troubles psychiatriques, a appris franceinfo de source proche du dossier. Les médecins ont jugé qu'il pouvait sortir. Il était depuis sous contrôle judiciaire.

Scolarisé il y a deux ans dans l'établissement, il s'est rendu mercredi dans le lycée horticole d'Antibes vers 13h30. Il a blessé un élève âgé de 16 ans avant de se rendre dans la salle des professeurs et porter trois coups de couteau à une enseignante de 52 ans, précise le parquet de Grasse dans un communiqué. Les victimes sont hospitalisées mais leur pronostic vital n'est pas engagé, ajoute le parquet.

"Se dirigeant vers l'arrière du bâtiment", le suspect "rencontrait le proviseur qui est parvenu à le calmer", poursuit le parquet. Un sac à dos a été retrouvé dans la cour avec un second couteau à l'intérieur.  

L'agresseur a été placé en garde à vue pour tentative d'assassinat et introduction armée dans un établissement scolaire, indique le parquet. Le parquet national antiterroriste ne s'est pas saisi mais est "en observation", c'est-à-dire qu'il évalue la situation. Le jeune homme était fiché S notamment pour son profil psychologique, de source proche à franceinfo.

Des signes de radicalisation

L'agresseur est devenu majeur peu après sa sortie de l'hôpital, en juillet, mais la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) a continué de le suivre étroitement, son dossier étant considéré comme prioritaire. Il devait rester vivre chez ses parents. Il avait rendez-vous régulièrement avec la PJJ. L'un de ces rendez-vous s'était tenu quelques jours avant son agression.

La PJJ avait signalé récemment son cas au comité de prévention de radicalisation de la préfecture à cause de signes de radicalisation et de sa fascination pour les tueries de masse et l'extrême droite. Mais cette commission a jugé qu'il n'y avait pas lieu de mettre en place un suivi administratif. Elle aurait pu demander des investigations, voire alerter des services de renseignement. De son côté, la préfecture assure dans un message transmis à franceinfo ce jeudi, que le signalement date de mars 2024 et qu'il n'y en a pas eu depuis.

À l'époque, elle dit avoir saisi les services de renseignements, mais n'avoir pas inscrit le mis en cause dans la liste des dossiers saisis par la Cellule de prévention de la radicalisation et donc pas demandé de suivi administratif, car "les orientations nationales prévoient que seuls les profils de radicalisation jihadiste" soient "examinés dans cette instance". Ce qui n'était pas le cas du jeune homme, précise encore la préfecture dans son message à franceinfo.

En avril 2024, le jeune homme avait été interpellé et mis en examen car il "nourrissait un projet de tuerie de masse, sans connotation religieuse" dans un lycée, avait alors indiqué le parquet de Grasse dans un communiqué, relayé à l'époque par France 3. C'est "le conseil départemental des Alpes-Maritimes" qui avait signalé au parquet de Grasse "les propos inquiétants tenus à son pédopsychiatre par un jeune homme âgé de 16 ans et demi de nationalité turque, suivi pour des troubles d’ordre psychiatrique, qui laissaient craindre un passage à l’acte imminent de nature meurtrière". Les enquêteurs avaient retrouvé dans sa chambre des croix gammées sur les murs, des armes blanches et un gilet pare-balles mais aussi des carnets ou l'adolescent décrivait son projet criminel.

Le mis en cause avait été incarcéré alors qu'il était mineur dans le cadre d'une information judiciaire en cours du chef d'apologie de crimes. "Cette procédure met en lumière une dimension psychiatrique", selon le parquet.

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