Injures racistes contre Aya Nakamura : treize personnes, liées aux identitaires et à l'extrême droite, jugées pour le déploiement d'une banderole avant les Jeux olympiques

Dix hommes et trois femmes, âgés de 20 à 31 ans, sont poursuivis pour provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine.

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La chanteuse française Aya Nakamura en pleine performance pendant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, vendredi 26 juillet, sur le pont des Arts à Paris. (ESA ALEXANDER / POOL / AFP)
La chanteuse française Aya Nakamura en pleine performance pendant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, vendredi 26 juillet, sur le pont des Arts à Paris. (ESA ALEXANDER / POOL / AFP)

Treize personnes sont jugées, mercredi 4 juin, devant le tribunal correctionnel de Paris pour injures racistes visant la chanteuse Aya Nakamura et pour provocation à la haine en raison de l'origine. En mars 2024, quatre mois avant les Jeux olympiques de Paris, ces militants identitaires avaient déployé une banderole à connotation raciste à l'intention de la chanteuse franco-malienne sur les bords de Seine. À ce moment, la star était pressentie pour participer à la cérémonie d'ouverture des JO.

Sur l'île Saint-Louis à Paris, le 9 mars 2024, le temps de quelques clichés, ils ont déployé une banderole avec ce message : "Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako." Une référence au tube planétaire de la chanteuse, intitulé Djadja. Un titre que la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde finira par interpréter sur le pont des Arts lors de la cérémonie d'ouverture des JO, avec à ses côtés la Garde républicaine.

"Remplacer l'élégance française par la vulgarité"

L'idée avait, quatre mois plus tôt, déjà révulsé les militants du collectif d'extrême droite Les Natifs, issu du groupuscule Génération identitaire, dissous en 2021 et qui défend la théorie raciste et complotiste du "grand remplacement". Ils avaient diffusé une photo de leur banderole sur les réseaux sociaux. Cette photo avait été relayée notamment par le média d'extrême droite Livre Noir, devenu aujourd'hui Frontières. Le compte X des Natifs déplorait de "remplacer l'élégance française par la vulgarité, africaniser nos chansons populaires et évincer le peuple de souche au profit de l'immigration extra-européenne".

Après avoir reçu, le 13 mars 2024, des signalements de la Licra et de SOS Racisme dénonçant des "publications à caractère raciste au préjudice" de la star de la chanson française, le parquet de Paris avait confié une enquête à l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité et les crimes de haine (OCLCH). Le 20 mars, Aya Nakamura avait porté plainte à son tour.

Une assistante parlementaire de trois députés RN parmi les prévenus

Les treize prévenus, dix hommes et trois femmes, âgés de 20 à 31 ans, sont poursuivis pour provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion ou pour complicité de provocation à la haine.

Parmi eux, figure Antoine G., un juriste de 27 ans, porte-parole du groupuscule identitaire, et Édouard M., cadre financier âgé de 28 ans, chef des Natifs. Mais aussi la sœur de Marc de Cacqueray-Valménier, figure de proue de la mouvance néonazie française, ou encore Capucine C., assistante parlementaire de trois députés RN au moment des faits. Ils devraient, devant la 17e chambre correctionnelle, discuter le caractère raciste de la banderole, se retrancher derrière la liberté d'expression et assumer une cause qui les dépasse, mère de toutes les batailles pour eux : la défense de la civilisation européenne et la lutte contre le "grand remplacement", prétendue substitution des populations blanches par des populations immigrées.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.