Une entreprise condamnée après le suicide d’un salarié : "Un jugement qui va faire date dans les années qui viennent", selon un spécialiste
"Il faudrait renchérir les coûts du harcèlement moral et de l’épuisement professionnel", estime sur franceinfo l'économiste Jean-Claude Delgènes.
L'usine de salaison Brocéliande, située à Perreux dans la Loire, a été condamnée lundi 26 avril à 20 000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Roanne après le suicide d'un de ses cadres dans les locaux de l'entreprise, en 2013. "C’est un jugement qui va faire date dans les années qui viennent", salue sur franceinfo Jean-Claude Delgènes, économiste, fondateur et directeur général du cabinet Technologia, spécialisé dans les risques psychosociaux, après qu'une entreprise a été condamnée pour homicide involontaire, huit ans après le suicide de l'un de ses salariés.
Auteur de Suicide, un cri silencieux et Idées reçues sur le burn-out, l'économiste précise qu'il "est assez rare qu'une entreprise soit condamnée pour homicide involontaire" et estime que cela "doit inciter l'ensemble des responsables à la tête d'entreprises pour éviter que de tels drames n'arrivent."
"Ce jugement dit que le harcèlement moral peut être institutionnel. C’est-à-dire qu’il peut, non pas simplement dépendre d'une relation de proximité entre la victime et son harceleur, mais qu'il peut découler de méthodes de gestion."
Jean-Claude Delgènesà franceinfo
"Dans les différentes enquêtes que nous avons menées, on voit que l’épuisement professionnel est un facteur prédictif du suicide", décrit-il, précisant que "pour éviter d'en arriver là, il faut faire de la prévention, réguler les charges de travail, permettre une véritable déconnexion, éviter cette toute puissance du travail qui va chercher les individus y compris dans leur vie privée pour les exposer à des risques qui sont inacceptables". Mais la France a encore un long chemin à traverser, selon Jean-Claude Delgènes puisqu'elle est "en retard" et souffre d'un manque de "suivi des crises suicidaires."
"Il faudrait renchérir les coûts du harcèlement moral et de l’épuisement professionnel, pour faire en sorte que ces problématiques soient vraiment traitées", propose-t-il, expliquant que les victimes sont aujourd'hui prises en charge par l'Assurance maladie, et "non par la branche ATMP, l'Accident du travail maladie professionnelle, qui est financée elle seule par les employeurs. Donc quelque part les coûts d'un mauvais management sont socialisés et c'est un vrai problème", conclut-il.
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