Plusieurs dizaines de jeunes tueurs à gages, âgés parfois de 12 ou 13 ans, repérés ces derniers mois par Europol

Europol a identifié, ces derniers mois, plusieurs dizaines de très jeunes tueurs à gages, parfois âgés de seulement 12 ou 13 ans. L'agence européenne de police criminelle a lancé une vaste opération pour lutter contre leur recrutement par des réseaux criminels, un phénomène en forte hausse dans l'Union européenne, a appris France Inter d'une source proche du dossier. Certains de ces adolescents ont été interceptés avant de passer à l'acte.

Cette "Task Force" créée par Europol rassemble plusieurs Etats européens et vise à démanteler rapidement ces réseaux de recrutement, et si possible à faire tomber les commanditaires. Ces jeunes sont recrutés principalement via les réseaux sociaux et les plateformes de jeux vidéo en ligne. L’enquête a notamment été déclenchée après l’assassinat en France, le 4 octobre dernier, d’un chauffeur VTC à Marseille par un adolescent de 14 ans recruté sur internet.

La France n’est cependant pas un cas isolé : des cas similaires ont été repérés dans plusieurs pays européens, notamment en Suède, où l'enquête a débuté avec l'arrestation d'un adolescent de 15 ans, officiellement en vacances avec ses parents à Malaga, en Andalousie, en 2024. Le port espagnol connaît une présence importante de cartels mexicains. Les enquêteurs soupçonnent le jeune garçon d'être le principal recruteur d'un vaste réseau criminel suédois, doué pour détecter les enfants en manque de repères sur les plateformes de jeux en ligne. Il employait les mêmes méthodes de séduction et de persuasion que les recruteurs de Daech en matière de terrorisme.

Des contrats en ligne pour plusieurs milliers d'euros

"Nous avons des propositions de contrats en ligne, rendues accessibles par la magie des algorithmes commerciaux à des publics très captifs qui passent énormément de temps sur les réseaux sociaux", explique Jean-Yves Goriou, chef de l’Unité Crime organisé à Europol, au micro de France Inter. "Petit à petit, ils sont amenés dans des salons de discussion où on va leur proposer de vrais contrats, avec des challenges, des trophées, et bien sûr de l’argent", poursuit-il. "Quelques milliers d’euros pour commettre un assassinat, c’est beaucoup pour quelqu’un qui a treize ou quinze ans et qui ne les a pas", pointe le chef de l'Unité Crime organisé d'Europol. "L’utilisation de l’enfant comme une torpille ou un missile, à faible prix et avec peu de risque judiciaire, est très décomplexée", juge-t-il.

Selon une source proche du dossier, près d’une trentaine de très jeunes adolescents, dont plusieurs filles, ont été recrutés ces derniers mois. Deux d’entre elles ont récemment été interceptées à la frontière entre deux Etats de l’Union européenne, alors qu’on venait de leur remettre une arme et leurs billets de train.