"Certains publics rencontrent d'importantes difficultés pour accéder à un accueil de qualité" dans les commissariats et en gendarmerie, selon un rapport du Défenseur des droits

La professionnalisation de cette mission d'accueil, initiée dans les années 2000, "demeure insuffisante", notamment envers les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles, les personnes en situation irrégulière ou les jeunes issus des quartiers populaires.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un commissariat de police, à Paris, le 5 février 2024. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / AFP)
Un commissariat de police, à Paris, le 5 février 2024. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / AFP)

Un rapport du Défenseur des droits met en lumière "des défaillances persistantes" dans l'accueil du public dans les commissariats et les gendarmeries. Selon cette étude d'ampleur, publiée mardi 4 mars, la qualité de l'accueil reste hétérogène selon les territoires, les services et les publics concernés.

La professionnalisation de cette mission, initiée dans les années 2000 avec entre autres l'adoption de chartes ou la mise en place de référents, "demeure insuffisante", pointent les chercheurs du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP) qui ont travaillé pendant deux ans à ce rapport.

Certains publics (victimes de violences sexistes et sexuelles, étrangers en situation irrégulière, jeunes issus des quartiers populaires, populations roms...) rencontrent d'importantes difficultés pour accéder à un accueil de qualité.

Les auteurs d'un rapport du Défenseur des droits

dans l'étude "Solliciter les forces de l'ordre"

Il souligne notamment que "les obstacles persistants quant à l'accueil des victimes s'observent tout particulièrement dans l'accueil et la prise en charge des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles", pointant "la persistance de stéréotypes sexistes et la priorité donnée à l'intervention et la judiciarisation des réponses", qui entraînent "un désajustement entre les besoins des victimes et les réponses apportées par les forces de l'ordre".

Un désajustement qui peut "parfois aboutir à une victimisation secondaire et provoquer des humiliations supplémentaires pour les victimes", souligne le rapport.

Une mission dévalorisée

Les services de police et de gendarmerie doivent "composer avec des ressources matérielles et humaines limitées et inégales, une charge de travail importante (...), des locaux inadaptés et une dévalorisation de la mission d'accueil dans les formations et par les agents eux-mêmes", souligne l'étude.

"Ainsi, le mouvement historique de professionnalisation de la prise en charge des publics par les forces de l'ordre demeure fragile et rencontre des obstacles qui contreviennent aux principes d'égalité et d'équité dans l'accès aux services publics", déplore le Défenseur des Droits dans un communiqué.

Pour produire ce rapport, les chercheurs se sont appuyés sur plus de 2 600 réponses à un questionnaire et des entretiens approfondis, notamment avec 75 personnes ayant sollicité les services de la police ou de la gendarmerie nationale, 63 policiers et gendarmes et 12 professionnels accompagnant. Des enquêtes de terrain ont également été menées dans des commissariats et gendarmeries dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Ile-de-France et Grand-Est, ainsi qu'en Guadeloupe.

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