Plateformes de dénonciation, dispositifs d'appels à témoins... Quand les citoyens aident la police

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Article rédigé par France 2 - M. Bougault, J. Pelletier - Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

Le climat d’insécurité en France pousse certaines mairies à demander aux citoyens, via une application, de signaler un trafic de drogues ou une agression. Des citoyens qui font également parfois le choix de se réunir en association de quartiers.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


C'est dans le sous-sol d'un parking public qu'un policier a tenu à emmener une équipe de France Télévisions. Derrière une porte grillagée, une saisie dont il est fier : deux motocross et un quad, interceptés il y a quelques semaines. Ces engins, utilisés lors de rodéos sauvages, étaient garés dans les parties communes d'un immeuble à Compiègne (Oise). Les policiers les ont trouvés grâce aux habitants. "Les gens nous indiquent des lieux de stockage, donc les collègues vont sur place, les récupèrent. Si un propriétaire est identifiable, il sera verbalisé pour l'infraction", explique Joël de Araujo, chef de service de la police municipale de Compiègne.

Des enquêtes avancent grâce aux riverains, et certaines communes l'ont bien compris en lançant des dispositifs d'appels à témoins : dans l'Essonne, une adresse mail pour signaler des rodéos sauvages et les lieux de stockage des motos. À Beauvais, une plateforme pour dénoncer des points de deal.

Des informations précieuses pour la police

Patricia a déjà utilisé ce type de dispositif. À quatre reprises, elle a signalé des courses de moto en bas de chez elle. Les messages qu'elle a envoyés ont été traités par le chef de la police municipale. Il en reçoit 200 par an, sur une messagerie dédiée au rodéo motorisé. Quelques lignes, souvent accompagnées de photos et de vidéos. "On est sur du rodéo urbain en pleine forêt, sachant que les chemins de forêt sont interdits aux véhicules", décrit-il devant des images.

Une habitante que l'on entend, filme de près les conducteurs et récolte ainsi de précieuses informations. "Là, on a des plaques sur tous les quads, en fait. Donc là, il y a une possibilité d'identifier les auteurs d'infractions", explique Joël de Araujo. La deuxième étape est la police nationale. "Il y a des procédures derrière, qui sont rédigées à l'encontre des propriétaires des véhicules", ajoute le chef de service.

Dénoncer pour lutter contre la délinquance divise ici la population. "Ils ont qu'à arrêter de faire les andouilles, et on n'enverra pas leur photo", estime un homme. "Je n'irai pas jusqu'à prendre ça en photo, parce que j'estime qu'il y a la police pour faire son travail", nuance une femme.

Des mairies passent le cap, des citoyens mobilisés

À Athis-Mons (Essonne), qu'importe les réticences, la mairie a elle aussi lancé il y a six mois sa plateforme de dénonciation. Mais pas facile de recueillir des témoignages, dans des quartiers parfois sensibles. "J'ai peur quand même. Après, je vais être coincée avec eux, ils m'ont dit : c'est toi qui nous a balancés", témoigne anonymement un riverain. Pour se donner du courage et veiller à la sécurité de leurs communes, certains habitants vont plus loin.

Dans un village de Meurthe-et-Moselle, des riverains rencontrés au mois de mars se sont regroupés pour surveiller leur quartier. 14 volontaires, presque un par rue, avec une mission : repérer les comportements suspects pour les signaler aux forces de l'ordre. "Nous, on n'est pas là pour faire la loi. La loi, ce n'est pas nous. On est là simplement pour signaler un mouvement un peu bizarre, on va dire", explique Michel Coculent, membre du dispositif participation citoyenne à Chenières. Pour eux, il s'agit de vigilance et non de délation. Un an après que le maire a mis en place le dispositif, il compte bien le maintenir.

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