Violences, racisme, manque de moyens... Un journaliste raconte deux ans d'infiltration dans la police
Valentin Gendrot relate dans un un livre sa plongée clandestine dans le commissariat du 19e arrondissement, à Paris, de mars à août 2019.
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Violences, insultes racistes et homophobes mais aussi manque de moyens, suicide et mal-être des troupes... Dans Flic, publié jeudi 3 septembre (éd. Goutte d'or), le journaliste Valentin Gendrot raconte ses deux années mouvementées d'infiltration dans la police parisienne. Le reporter a ainsi voulu explorer une institution "clivante" en utilisant cette méthode controversée, objet d'un débat récurrent chez les journalistes. "Ça fait bouger les lignes", justifie l'auteur de 32 ans.
Sa plongée clandestine dans la police commence en septembre 2017. Sous son vrai nom, il intègre l'École nationale de police de Saint-Malo, en sort "adjoint de sécurité" , le plus bas grade hiérarchique, puis est affecté un an à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris. Il décroche ensuite le poste qu'il visait : le commissariat du 19e arrondissement de Paris, quartier populaire de la capitale. Il y officie entre mars et août 2019 au moment où la mobilisation des "gilets jaunes" nourrit les accusations de violences policières.
Il a couvert une bavure policière
Dans le passage le plus explosif de son livre, il assure avoir assisté à une "bavure" commise par un collègue et que lui-même a couverte avec d'autres policiers. Ce jour-là, sa patrouille est appelée par un voisin se plaignant de jeunes écoutant de la musique au pied d'un immeuble. Le contrôle dégénère quand un des policiers "tapote" la joue d'un adolescent qui, en réponse, provoque le fonctionnaire : "Je te prends en un contre un".
Le policier met une première "baffe" au jeune homme "puis deux, puis trois, peut-être quatre ou cinq", écrit-il. L'agent "se déchaîne" ensuite à "coups de poings" et d'insultes sur l'adolescent, qui est alors embarqué au commissariat. Les deux portent plainte : le policier pour outrage et menaces, l'adolescent pour violences. Un PV "mensonger" est alors rédigé pour "charger le gamin et absoudre" le policier, affirme Valentin Gendrot qui incriminera lui aussi l'adolescent lors d'une enquête interne.
Un salaire de 1 340 euros net à Paris
Le livre de Valentin Gendrot évoque aussi la colère des policiers face au manque de moyens, avec des voitures et des locaux hors d'âge, pour un salaire mensuel net de 1 340 euros à Paris. Le journaliste raconte aussi le suicide d'un collègue et l'hostilité de la population. Il s'inquiète aussi que "n'importe qui [puisse] devenir flic" : son statut de journaliste n'a jamais été découvert et sa formation de trois mois est selon lui lacunaire, "low cost", selon les termes d'un instructeur.
Devançant d'éventuelles critiques, Valentin Gendrot souligne que son travail n'est "pas anti-flic" mais aborde les "grands tabous de la police". "C'est aussi dans leur intérêt qu'on parle des violences policières", "toujours le fait d'une minorité", justifie-t-il. D'après lui, "la majorité" de ces fonctionnaires "paie la mauvaise réputation et le climat de tension effroyable qu'il y a entre les habitants et la police". Le journaliste infiltré concède toutefois sa "peur" des réactions que son livre pourrait susciter dans la police. "Tout est vrai", certifie-t-il, assurant disposer de "documents" et de "preuves".
L'IGPN saisie après la publication
Indiquant que le livre "dénonce des agissements graves", la préfecture de Paris a fait savoir dans un communiqué de presse jeudi que le préfet de police, Didier Lallement, a saisi à titre administratif l’Inspection générale de la police nationale. "L’enquête devra également déterminer les raisons pour lesquelles les faits supposés n’ont pas fait l’objet d’un signalement immédiat au procureur", prévient le communiqué.
"A ce stade, les policiers accusés ne sont pas identifiés et les faits allégués ne sont pas vérifiés. C’est pourquoi, afin d’établir la véracité des faits relatés dans ce livre et relayés par les médias, et à la demande du ministre de l’Intérieur, le préfet de police, Didier Lallement, les a portés à la connaissance du procureur de la République", réagit la préfecture de police.
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