Policière municipale attaquée : pendant 17 ans, "la radicalisation et la schizophrénie" de l'auteur de l'attaque étaient "hors de propos" rappelle son ancien avocat
Vincent de la Morandière, qui a défendu dans d'autres dossiers l'auteur de l'attaque, se dit "surpris" par la description faite de son ancien client qui s'est isolé à partir de 2015.
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Me Vincent de la Morandière, ancien avocat de l’auteur de l’attaque au couteau à la Chapelle-sur-Erdre, se dit sur franceinfo "surpris" par le profil décrit par le procureur de la République de Nantes qui évoque un homme qui oscillait entre radicalisation et schizophrénie. Pour Me Vincent de la Morandière qui a été son avocat de 2010 à 2017, après "une vingtaine de passages devant la justice. La question de sa radicalisation et schizophrénie sont absolument exclus, sont hors de propos". Il avait des "troubles d’adaptation, mais pas de problèmes psychiatriques", affirme-t-il. "Et donc maintenant présenter comme une évidence sa radicalisation et sa schizophrénie, ça me semble surprenant", confie-t-il sur franceinfo. Même s'il reconnaît qu'"au fur et à mesure de ces incarcérations, ce caractère discret, silencieux, taiseux" l'a poussé "à l’isolement".
franceinfo : Etes-vous surpris par le profil décrit par le procureur de la République de Nantes ?
Vincent de la Morandière : La première fois qu’il a été condamné, c’était en 1998, c’était le tribunal pour enfant. En première condamnation, il a connu de la prison ferme. Il a connu après des peines fermes 16 ou 17 fois d’affilée. Il s’est retrouvé en cour d’assises en 2015. Il a été condamné à 8 ans de prison. Son profil psychiatrique a été évalué par des experts et les expertises psychiatriques dataient de 2013. Mais à ce moment-là et pendant tout ce parcours, avec une vingtaine de passages devant la justice, la question de sa radicalisation et d’une schizophrénie sont absolument exclus, sont hors de propos. L’expertise qui a été débattue publiquement lors de son dernier procès d’assises relevait qu’il n'y avait pas de dangerosité au sens psychiatrique du terme. Il n’avait pas de personnalité pathologique. Il avait plutôt des troubles de l’adaptation, mais pas de problèmes psychiatriques, aucune abolition du discernement, aucune altération, selon les expertises. Et donc maintenant présenter comme une évidence sa radicalisation et sa schizophrénie, ça me semble surprenant.
Est-ce possible que ce profil plus inquiétant ce soit déclenché plus tard ?
Ce n’est pas exclu. Mais c’est quelqu’un qui à la base a vécu dans des milieux criminogènes, plutôt une culture du silence, voire du secret. Il est, dès le départ, plutôt taiseux. Ça ne rendait pas les choses faciles pour communiquer avec lui. Et au fur et à mesure de ces incarcérations, ce caractère discret, silencieux, taiseux, confinait à l’isolement. Il était de plus en plus isolé, il s’est dégradé psychologiquement. Il cherchait dans la foi, la prière, une réponse à un mal-être profond.
Pensez-vous qu'il y a eu une faille de l’institution judiciaire dans ce dossier sur le diagnostic psychiatrique de l'auteur de l'attaque ?
Je suis très mal à l’aise avec cette notion de faille. La justice pénale, à laquelle je participe, a été incapable d’identifier chez lui la cause initiale du problème et de la traiter. Le seul médicament qui a été proposé par la justice, c’est la prison. Et vous ne pouvez pas demander à quatre murs en béton de soigner quelqu’un, ça ne fonctionne pas. Le premier critère de la peine, c’est de "peiner". Ensuite, vient la question de la réinsertion.
Quand vous étiez son avocat, s'était-il déjà réfugié dans la spiritualité, la foi ?
C’était très peu présent en 2010, et à partir de 2015, on est à 18 ou 19 condamnations, et cet aspect-là est apparu. Et je partage son intérêt pour ces questions-là. J’ai essayé de rentrer en communication avec lui sur ces points-là, pour connaître ses textes de référence, ce qui comptait pour lui dans sa foi, et il s’est refermé. Il avait des connaissances que la rue et les cités offrent comme milieu naturel. Il a grandi dans un milieu plutôt criminogène. Et d’un point de vue familial, il avait des gens autour de lui. Et je suis ému et je partage une tristesse, car j’ai été témoin, et c‘est dramatique pour la victime mais aussi pour la famille qui a essayé pendant des années de lui tendre la main, de lui proposer des solutions d’insertion. Et tous, famille et institution judiciaire, ont été impuissants face à son mal-être et au mal qui le rongeait à l’intérieur.
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