Surpopulation carcérale : "Vider les prisons serait la véritable révolution", estime la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté

Dominique Simonnot a réagi jeudi, sur franceinfo, au nouveau record de personnes incarcérées en France, qui s'élève désormais à près de 85 000.

Article rédigé par franceinfo
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La contrôleuse générale des lieux de privations de liberté Dominique Simonnot, le 20 octobre 2020. (BERTRAND GUAY / AFP)
La contrôleuse générale des lieux de privations de liberté Dominique Simonnot, le 20 octobre 2020. (BERTRAND GUAY / AFP)

"Vider les prisons, serait la véritable révolution", estime jeudi 31 juillet sur franceinfo Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, alors que le ministre de la Justice Gérald Darmanin évoque une "révolution pénale" avec son projet de loi S.U.R.E. (Sanction Utile, Rapide et Effective) présenté lundi. Le nombre de détenus en France a atteint un nouveau record au 1er juillet, avec 84 951 personnes incarcérées contre 84 447 le mois précédent, selon des chiffres du ministère de la Justice publiés ce jeudi. La densité carcérale globale s’établit à 135,9%, contre 126,9% le 1er juillet 2024.

"Ça ne fait que s’aggraver", alerte Dominique Simonnot, dénonçant un système à bout de souffle : "Il manque 6 000 surveillants en France, il manque 1 000 agents d’insertion et de probation dans les services pénitentiaires et il y a toujours plus de détenus. Il y a des prisons qui atteignent 200% et même 257% à Perpignan".

"C’est une vision d’horreur"

Elle a décrit des conditions de détention dramatiques alors que 5 828 détenus étaient contraints de dormir sur un matelas posé au sol, contre 3 526 un an plus tôt : "Je voudrais que chacun et chacune se rende compte de ce que c’est d’ouvrir la porte d’une cellule, de voir des lits superposés, un matelas posé par terre, des cafards qui grouillent partout et des punaises de lit. C’est une vision d’horreur". 

Pour la contrôleuse générale, "la vraie révolution, ce serait comme dans d’autres pays européens, tels maintenant la Belgique, l’Angleterre, qui était considérée comme très répressive, l’Allemagne, tous ont fait des efforts pour vider les prisons et, pour le moment, le ministre s’y refuse". Elle rappelle que "les peines sont exécutées" contrairement à ce que dit Gérald Darmanin, "mais elles sont exécutées autrement : par un travail d’intérêt général, par des mesures alternatives".

"Un manque de courage politique"

Dominique Simonnot dénonce un "manque de courage politique" en France : "Le vrai courage serait de faire comme nos voisins européens et de faire sortir des gens sous bracelet électronique, sous contrôle des services pénitentiaires de probation". Elle explique cette réticence par le fait que la France est déjà "un peu entrée en campagne électorale pour les élections présidentielles" et c’est celui ou celle "qui aura la meilleure idée dans le sens de la répression".

La contrôleuse générale rapporte enfin les propos d’un détenu : "On vous coûte 120 euros par jour et par détenu. Vous ne trouvez pas que c’est un peu cher pour fabriquer de la récidive ?".

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