: Témoignage "Ça a été extrêmement violent" : un chef d’entreprise haut-savoyard victime d’une escroquerie au faux investissement à 1,5 million d’euros
Un vaste réseau international d’escroquerie au faux investissement a été démantelé fin janvier par la gendarmerie. Sept personnes ont été interpellées en France, en Espagne et en Israël. La victime grâce à qui l’enquête a commencé en France prend la parole sur franceinfo.
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Jean-Paul (prénom d'emprunt) fait partie des dizaines de personnes, voire centaines, qui ont été victimes d'un immense réseau international d'escroquerie et de blanchiment au faux investissement, révélé par franceinfo mercredi 12 février. En France, six victimes sont recensées. En 2022, alors qu'il vient de vendre sa société, cet homme d'affaires cherche à investir une partie de sa fortune dans les énergies renouvelables. Il se fait alors approcher par ce réseau d'escrocs et finit par déposer plainte en août 2022.
Franceinfo : Comment les escrocs vous approchent-ils ?
J'ai voulu investir dans quelque chose qui avait du sens, qui était palpable. Il s'agissait de champs de panneaux photovoltaïques et avec un intérêt qui était meilleur que celui que je pouvais avoir avec des placements standards dans une banque. J'avais dû mettre mes coordonnées sur une publicité concernant des champs photovoltaïques en Espagne. Plus précisément, j'avais un fascicule qui était très détaillé. C'est avec Iberdrola, qui est l'EDF espagnol. Ce contrat avait un bon taux d'intérêt. J'ai demandé à ma conseillère financière si elle connaissait Iberdrola, elle m'a dit : "Oui, c'est hyper solide, c'est hyper sérieux". J'étais tout content de contracter avec ces gens. J'ai d'abord eu affaire à une assistante commerciale. J'ai eu affaire après aux commerciaux qui m'ont suivi pendant plusieurs semaines mais qui m'appelaient trois ou quatre fois par semaine. Ça s'est passé entre le mois de mai 2022 et la fin juillet 2022.
À quel moment vous rendez-vous compte qu'il s'agit d'une escroquerie ?
Quand ma propre banque m'appelle en me disant que j'ai été victime d'une usurpation d'identité. Je me dis que je me suis pris un gros coup sur la tête. J'ai été un peu sonné. Intellectuellement, ça bloque un peu. Humainement, je n'ai eu pas de réaction parce que j'ai été sidéré. C'est la première fois qu'il m'arrive un truc comme ça. J'ai attendu la journée, j'ai réfléchi, j'ai été hyper angoissé, je ne savais pas comment faire.
Vous êtes-vous dit, à un moment donné, que c'était une escroquerie ? Auriez-vous pu vous dire "c'est une escroquerie" ?
Avec le recul et tout ce que j'ai appris, bien évidemment que je vois maintenant qu'il y a des choses qui n'allaient pas. J'étais étonné qu'on me demande des versements de 250 000 euros, alors que j'étais prêt à mettre plus tout de suite. Et après je me suis aperçu que c'était pour passer en dessous des radars : 250 000 euros, ça n'attire pas trop l'attention. Donc j'ai fait quatre versements de 250 000 euros et puis j'ai reçu des intérêts sur les premières sommes que j'avais payées. J'avais vraiment l'impression d'avoir affaire à des gens qui étaient installés dans leurs beaux bureaux à Paris, et ils m'appelaient deux ou trois fois par semaine pour mettre au point les nouveaux contrats, pour mettre au point les documents. Ils avaient une assistante et ils avaient un directeur financier. Il y avait tout qui allait bien et avec des noms qui étaient des noms de cadres d'Iberdrola.
Aujourd'hui, comment vivez-vous avec cette escroquerie ? Comment vivez-vous avec tout ce qui s'est passé pour vous ?
Alors ça a été très, très, très dur parce que, quand j'ai commencé ma vie, je n'avais pas un centime en poche. Tout ce que j'ai, je l'ai gagné et ce qui m'est arrivé je l'ai très, très mal vécu. Ça a été extrêmement violent. Il reste que j'ai récupéré 250 000 euros par rappel du dernier virement par la banque. Et puis j'ai récupéré 450 000 euros par la gendarmerie et le juge d'instruction d'Annecy qui ont fait un travail formidable. Ce qui fait qu'aujourd'hui, j'ai 800 000 euros de perte. Et quand vous avez eu l'impression d'avoir perdu 1,5 million d'euros et qu'il ne vous reste "plus que" 800 000 euros de perte, il y a une notion de relativité qui joue. Donc je le vis beaucoup mieux.
Quel bilan en tirez-vous ?
Ce que je peux dire aux victimes d'arnaques, c'est surtout qu'il n'y a aucune honte ! Il n'y a aucune honte d'être manipulé par des super pros. Dès qu'il y a une malversation, dès qu'il y a une arnaque, il faut aller porter plainte.
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