Alerte à la bombe, demande de rançon et petites annonces : on vous résume l'affaire du groupe AZF, soupçonné de terrorisme
Un homme et une femme soupçonnés d'appartenir à ce groupe ont été mis en examen le 30 juin. Ils avaient menacé de faire sauter des bombes sur le réseau ferré français en 2003-2004.
Cela faisait quinze ans que les enquêteurs butaient sur l'enquête du groupe AZF. Entre 2003 et 2004, ce groupe avait menacé de poser des bombes sur le réseau ferroviaire. Les forces de l'ordre ont interpellé mardi 26 juin, trois personnes soupçonnées d'être liées à cette affaire. Deux d'entre elles ont finalement été mises en examen, samedi 30 juin. Franceinfo revient sur cette affaire rocambolesque qui pourrait bientôt trouver son dénouement.
Qu'est-il reproché au groupe AZF ?
AZF est un groupe de maîtres chanteurs qui, de décembre 2003 à mars 2004, a proféré des menaces contre le réseau ferré français. Le 11 décembre 2003, AZF adresse une lettre de deux pages à l'Elysée et au ministère de l'Intérieur. Ils se présentent comme "un groupe de pression à caractère terroriste secrètement créé au sein d'une confrérie laïque à spécificité éthique et politique" et annonce leur "prochaine entrée en scène".
Le groupe affirme que son "aimable artificier" a placé des bombes sur le réseau ferroviaire français. Ils réclament 4 millions d'euros et un million de dollars à l'Etat pour les désamorcer. Le 21 février 2004, grâce à des indications du groupe, un engin explosif est retrouvé près de Limoges, à hauteur de Folles, sous le ballast de la ligne Paris-Toulouse. La bombe, composée d'un mélange de fioul et de nitrate d'ammonium, était installée à proximité d'un embranchement conduisant à un site de stockage d'uranium. Plus de 30 000 km de voies sont inspectées par 10 000 cheminots, sans qu'aucune anomalie ne soit signalée.
Comment s'est déroulée l'enquête ?
Le 18 février 2004, une information judiciaire est ouverte à Paris pour "association de malfaiteurs terroriste, menaces de destruction et infraction à la législation sur les explosifs en relation avec une entreprise terroriste".
L'enquête est médiatisée, notamment à cause d'une curieuse correspondance établie entre le groupe et la police, par le biais de petites annonces dans les pages du journal Libération. La police utilise le pseudonyme de Suzy, en référence aux premières et dernières lettres du nom de Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur à l'époque. Le groupe AZF, utilise quant à lui, le nom de "Mon gros loup".
Le 1er mars 2004, une femme indique par téléphone un emplacement aux environs de l'aéroport de Montargis, dans le Loiret, où une rançon devait être larguée par hélicoptère. Mais la transaction échoue.
Une nouvelle bombe est découverte sur la ligne Paris-Troyes-Bâle. Selon le ministère de l'Intérieur, l'engin ne correspond pas aux matériaux utilisés par AZF. Le 25 mars 2004, le groupe annonce la suspension de ses actions.
Comment l'enquête a-t-elle basculé ?
L'affaire prend une nouvelle tournure en 2018, presque quinze ans après les premiers faits. Trois arrestations sont menées par la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire, dans l'Yonne, le Loiret et la Seine-et-Marne, mardi 26 juin. Il y a "plusieurs semaines", une personne possiblement liée au groupe AZF à l'époque des faits a décidé de dénoncer à la police les trois personnes qui ont été interpellées mardi, probablement par vengeance, a appris franceinfo de sources concordantes.
L'un des interpellés a été relâché. Les deux autres, un homme et une femme, ont été mis en examen, le 30 juin 2018. Les enquêteurs ont fait un lien entre l'ADN d'un des suspects et celui retrouvé sur le carton contenant la bombe artisanale découverte il y a quatorze ans, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Qui sont les personnes mises en examen ?
Les deux suspects ont été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroristes", "infraction à la législation sur les explosifs" et pour "menace de destruction par un moyen dangereux", à chaque fois en relation avec une entreprise terroriste. Il s'agit d'un chef d'entreprise né en 1947 et d'une femme née en 1962.
Les suspects sont présentés comme des "gens normaux et insérés dans la société civile", selon une source proche de l'enquête jointe par franceinfo. "Ils ne sont ni proches de l'extrême gauche, ni de l'ultradroite", a précisé cette même source, indiquant qu'il n'y avait aucun lien non plus avec le terrorisme islamiste. Ils auraient agi pour un mobile "crapuleux", avec l'ambition d'obtenir une forte rançon de l'État. D'après nos informations, l'un des mis en cause aurait rencontré, au moment des faits, d'importantes difficultés financières avec sa société.
Les deux suspects ont reconnu les faits au cours de leur garde à vue. L'homme a été incarcéré. La femme a été placée sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du parquet.
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