Attentat de Berlin : la France doit "se garder de donner des leçons en matière de renseignement" à l'Allemagne
Arnaud Danjean, eurodéputé Les Républicains, a estimé, jeudi sur franceinfo, que la France n'avait pas de leçons à donner à l'Allemagne, en matière de lutte contre le terrorisme, mais a regretté que seule "une minorité de pays européens se sentent véritablement concernés par le terrorisme islamiste".
Après l’attentat du marché de Noël de Berlin lundi, qui a fait 12 morts, Arnaud Danjean, eurodéputé Les Républicains et membre de la commission des affaires étrangères et de la sous-commission sécurité et défense du Parlement européen, a estimé, jeudi 22 décembre sur franceinfo, que la France doit "se garder de donner des leçons" à l'Allemagne. "Toute velléité de projet de superstructure européenne" du renseignement n'était pas une bonne idée. Pour Arnaud Danjean, "tout ne doit pas être piloté depuis Bruxelles".
franceinfo : Pensez-vous que l'Allemagne se soit moins préparée à l'éventualité d'un attentat que la France ?
Arnaud Danjean : Ce serait quand même très incongru que des Français donnent des leçons aux Allemands. En un an et demi, nous avons eu 250 victimes sur notre sol du fait d'attentats terroristes. Il faut bien se garder de donner des leçons en matière de renseignement. Chaque pays a sa spécificité, dûe à l'histoire et à son organisation administrative. L'Allemagne est un pays fédéral. Forcément, vous avez des interstices entre les services de police régionaux, nationaux et les services de renseignement. Ils sont sans doute plus larges que dans des États plus centralisés, comme la France. L'Allemagne a été confrontée au terrorisme, mais un terrorisme politique d'extrême gauche dans les années 1970-1980. Par rapport au terrorisme islamiste, l'Allemagne semblait un peu plus en recul. Cependant, cela fait maintenant plusieurs mois que le niveau d'alerte est très élevé. Les services de renseignement allemands sont sur les dents, parce qu'ils savent qu'ils sont ciblés. Cela fait plusieurs fois que des groupes terroristes, dont l'organisation État islamique, font référence à l'Allemagne quand ils évoquent leurs cibles dans les pays occidentaux.
Un pays doit-il être frappé par un attentat pour véritablement prendre conscience de la menace terroriste ?
C'est assez juste, malheureusement. J'entends beaucoup parler de coopération européenne, mais on oublie souvent qu'une minorité de pays européens se sentent véritablement concernés par le terrorisme islamiste. Il n'y a qu'une douzaine de pays qui ont mis en place des dispositifs légaux pour travailler de façon très approfondie sur cette menace. Il y a beaucoup de pays européens pour lesquels ce n'est pas la priorité numéro un. Seule une minorité d'États ont actuellement des ressortissants sur les théâtres de jihad, en Lybie, en Syrie et en Irak. Eux, ils se sentent concernés au premier chef par les retours de ces jihadistes. Il y a une directive européenne qui vient de passer pour harmoniser les dispositifs légaux. Elle fait en sorte que, quand on est condamné pour des actions de type terroriste, ou des préparatifs terroristes, ou des préparatifs de départ au jihad dans tel ou tel pays européen, on puisse encourir le même nombre d'années de peine. Ce n'était pas harmonisé jusqu'à présent parce que beaucoup de pays, quand ils n'ont pas été frappés directement, ne prennent pas la pleine mesure de cette menace.
Le renseignement gagnerait-il en efficacité, s'il y avait une sorte de FBI européen ?
Je regrette catégoriquement toute allusion et toute velléité de projet de superstructure européenne. Le problème n'est pas là. Les services de renseignement entre les pays coopèrent très bien et ce depuis 15 ans. Il y a plusieurs dimensions dans la coopération. Il en existe entre services de renseignement, entre polices, et entre les services de justice. Tout ne doit pas être piloté depuis Bruxelles. Tout ne doit pas être piloté par des superstructures européennes. Cela passe par les États. Légalement, ce sont eux qui ont les responsabilités et qui sont le plus proche du terrain. Il est important au niveau européen de fluidifier l'échange de renseignements et de données. C'est fait, aujourd'hui, notamment par Europol, qui est monté en puissance.
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