"C'est ça la justice" : les parties civiles du procès du 13-Novembre réagissent après le verdict
Plus de six ans après les attentats du 13-Novembre, la cour d'assises spéciale de Paris a condamné mercredi soir Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos islamistes, à la perpétuité incompressible, la peine la plus lourde du code pénal.
"Il a toujours été dit par les parties civiles que la décision sera respectée parce qu'elle sera respectable", a estimé ce mercredi 29 juin maître Jean Reinhart, un des avocats des parties civiles au procès des attentats du 13-Novembre. Son neveu est mort au Bataclan. Les vingt accusés ont été condamnés à des peines allant de deux ans d'emprisonnement à la perpétuité. Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos du 13 novembre 2015 a été condamné à la perpétuité incompressible.
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La décision de la cour d'assises spéciale "est respectable parce qu'elle respecte le droit et le droit applicable. En conséquence de quoi, les parties civiles ne se réjouissent point mais elles constatent l'intelligence de la décision, le discernement qu'il y a eu dans les peines qui ont été infligées", a poursuivi celui qui représente également l'association 13onze15 Fraternité et vérité.
Ces parties civiles "regardent avec satisfaction que tous les éléments des délits et des crimes qui ont été reprochés aux accusés ont été gardés intégralement c'est pour cela que les parties civiles ne sont là ni pour commenter, ni pour gloser mais pour constater qu'il y a eu des peines qui ont été données avec intelligence".
"Je suis un peu partagé"
Bruno Poncet, rescapé du Bataclan, s'interroge : "Est-ce qu'on n'est pas en train de transformer un garçon qui ne sait toujours pas trop ce qu'il est en une bête radicalisée ?" "Je suis un peu partagé parce que j'ai des amis qui étaient avec moi dans le Bataclan, qui ont peur de sa sortie", souligne Bruno Poncet. Mais il rappelle que "jusqu'à maintenant, on a eu un procès équitable, un procès où l'on a montré à la barbarie, aux terroristes, que la réponse pouvait être de la justice, de la démocratie".
Selon lui, malgré le fait que Salah Abdeslam "ait participé à beaucoup de choses, ce n'était pas un des assassins". "En tout cas, moi, les trois que j'ai vu au Bataclan, il n'était pas dedans." Bruno Poncet fait "confiance à la justice" en se disant que si les magistrats ont prononcé ces peines, "c'est qu'ils pensent que c'est la meilleure solution". Mais "vu les conditions carcérales", le rescapé des attentats se questionne. Bruno Poncet se dit enfin soulagé. "Ouf ! c'est fini. On va passer à autre chose", lâche ce cheminot qui avoue n'être "plus la même personne aujourd'hui que le 8 septembre" au début du procès. "Je sors galvanisé. Cela nous redonne de l'enthousiasme. Et ça me redonne vraiment confiance en l'humanité."
"J'ai peur qu'avec cette peine Salah Abdeslam se glorifie"
Une autre victime du Bataclan s'interroge. "Salah Abdeslam a eu la plus grosse des peines alors que ce n'est pas le génie du mal", dit Franck, rescapé du Bataclan. "J'ai peur que derrière cette peine, il se glorifie ou que des gens le glorifient parce qu'il a décroché la timbale, craint-il. Est-ce que vraiment Salah Abdeslam est à la hauteur de cette peine-là ?"
"Il n'y a pas forcément matière à être satisfait ou pas satisfait, tempère le père d'une victime, Philippe Duperron, président de l’association 13onze15 Fraternité et vérité. Nous avons toujours dit que nous faisions entièrement confiance à la cour et que la peine que déciderait la cour serait la juste peine à nos yeux. C'est donc qu'elle a été convaincue que les faits qui ont été démontrés étaient d'une gravité exceptionnelle, comme l'avait requis l'avocate générale, et que cela justifiait cette rigueur". La perpétuité incompressible prononcée contre Salah Abdeslam était, "discutable", estime Philippe Duperron. "Elle a été considérée comme justifiée", constate tout de même le président de 13onze15 Fraternité et vérité.
Sur les autres peines prononcées, il y a eu selon lui "de bonnes surprises".
"L'individualisation des peines a été parfaitement respectée. Les uns et les autres ont eu la peine qui était méritée, et notamment les petits."
Philippe Duperronfranceinfo
"La cour a remis l'église au milieu du village", estime enfin maître Gérard Chemla, un des avocats des parties civiles. "Ce sont des peines adaptées", selon lui. "Les peines contre Salah Abdeslam ou Mohamed Abrini ont une dimension symbolique importante". Ces peines "envoient un message : ceux qui viennent commettre des attentats méritent la peine perpétuelle, ceux qui ne se désolidarisent pas de la démarche terroriste méritent une perpétuité réelle. C'est sain, c'est normal, c'est ça la justice."
L'avocat de 140 parties civiles se dit soulagé. "Je voudrais à présent que nous puissions regarder vers l'avenir", affirme-t-il. L'avocat espère qu'il n'y aura pas d'appel pour "pouvoir passer à autre chose et fermer le dossier".
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